[artmag] [Art Communication & Technologie ]

 

 Black and White
Global Jackpot

INSTALLATION MULTIMEDIA DE
JEAN-PIERRE GIOVANELLI

Présentée par
Immedi@rt International
et
Art Jonction 24-29 mai 2000

Le travail de Jean-Pierre GIOVANELLI s'est toujours inscrit dans une problématique "socio-critique" depuis ses interventions comme "CRITIQUE SUR LA CRITIQUE" (dépôt Mamac 1979) jusqu'aux installations multimédia plus réoentes telles que "STABLE MOUVANT" (Arts Virtuels, Paris 1999) et aujourd'hui "Black & White". Chez lui, donc, pas d'opportunisme dans l'utilisation de la Vidéo ou autres médiums électroniques à la mode, puisque depuis plus de 20 ans oe sont les moyens rendus disponibles par la technologie du moment (depuis les constats photo des années 70 jusqu'aux images virtuelles actuelles) qui lui ont toujours permis d'exprimer ses préoccupations. Chez cet "ARCHITECTE D'INSTALLATIONS MULTIMEDIA" comme il se nomme lui-même,la technologie n'est donc qu'un moyen d'expression et pas une fin en soi. De plus elle ne sert pas à exhiber un nombrilisme exaoerbé comme oela est souvent le cas dans nombre de productions artistiques contemporaines. Certes ici ,comme dans toute oeuvre, il s'agit aussi de l'artiste,mais toujours inscrit, positionné dans une relation dialectique avec la société en général et avec le public qui, plus particulièrement et en définitive, "fait", (comme disait Duchamp), l'oeuvre.
Cette fois les deux poubelles remplies de détritus (en fait des emballages de produits) que nous propose Giovanelli nous placent d'évidence devant l'aporie de notre société de consommation. En effet, l'inscription que l'on découvre en ouvrant les couvercles ("Black" sur l'une, "white" sur l'autre) nous renvoie moins à une question raciale qu'à la marque célèbre de whisky et, en conséquenoe, à la publicité d'une économie mondialisée ou le consummérisme à l'américaine est la seule voie proposée. Et tant pis si le "Village global" devient une immense poubelle.Alors, bien sur, le passant peut être tenté d'ajouter à son tour, sans y prendre garde, un autre déchêt au contenu de oes poubelles. Mais il peut aussi, s'il possède une certaine curiosité s'en approcher et être intrigué par la diffusion d'une bande-son provenant de l'intérieur de oes sortes de "scuptures industrielles" déplacées, telle la "Fountain" de R. Muft. Là il ne manquera pas de fouiller et de découvrir, enfouis sous les emballages perdus, des moniteurs-vidéo diffusant en boucle les images de visages d'un homme noir dans une poubelle, et d'une femme blanche dans l'autre. A ce moment, le son qu'il identifiera comme celui enregistré dans un Casino parmi les machines à sous, comblera le sens reliant les inscriptions "Black-White", "Global Jack-Pot" et oes personnages relégués, à la parole inaudible.En effet - et le message est simple, direct, mais combien percutant - c'est bien de notre société actuelle, mais surtout future, dont il s'agit. Un type de société dans lequel les hommes, quelque soit leur couleur de peau, ou leur sexe, valent moins que des déchêts... Une société pour laquelle oet "ensevelissement" prévisible sera le "gros-lot" immanquablement gagné Si nous n'influons pas sur le cours des choses.Mais - et c'est là la force de cet Art Socio-Critique, - c'est justement grâoe à son intervention même que le spectateur aura pu se poser ce questionnement et peut-être en tirer des conséquences pour son (notre !) propre futur: l'homme est bien toujours maître de son destin Et des artistes comme Jean-Pierre Giovanelli ne sont peut-être pas là pour changer le monde, mais sûrement pour nous rappeler, dans la jouissance de la découverte esthétique, cette évidence cachée.

Francis Parent Paris - Avril 2000