Rencontre avec Evgenija Demnievska, artiste multimédia, organisatrice d'événements de communication.

Anguéliki Garidis : Peux-tu nous parler un peu de ta formation et de ta démarche, qui a abouti aux événements internet que tu conçois actuellement?

Formation

Evgenija Demnievska : Je suis née, à Skopje, en Macédoine, ex-Yougoslavie. J'ai grandi à Belgrade (Serbie), où comme adolescente, j'ai été membre d'un groupe de théâtre noir, "Vatronose" ("Prométhée") dirigé par Slobodan Pajis. Notre troupe a collaboré avec le théâtre "Atelier 212" qui était connu au niveau international pour son festival "FEST". Cette expérience de travail en équipe était très précieuse pour ma création à venir. J'ai ensuite étudié à l' Ecole des Beaux-Arts, à Brelgrade, dans la section peinture. Je faisais aussi partie d'un groupe où l'on pensait de" nouvelles pratiques artistiques", comme l'art conceptuel, vers les années 70.
Après mes études, j'ai obtenu une bourse pour le Japon (Tokyo Geijutcu Daigaku) où j'ai étudié pendant trois ans. J'ai été confrontée pour la première fois à un système de valeurs complètement différent de celui que j'ai connu dans mon pays. Ensuite, j'ai voyagé : j'ai vécu à New York en 1979, j'ai exposé dans différents pays et en 1981, je me suis installée à Paris.

Installations avec participation du public

E.D. : En 1971, j'ai exposé une "Porte", objet mobile placé au milieu de la galerie du Centre Culturel des Etudiants, à Belgrade. Le public pouvait déplacer la porte, se questionner sur la notion d'espace.

En 1973, à Tokyo, j'ai conçu la première peinture avec différents éléments (au nombre de 4, 8, 12, ou 16) que le public pouvait déplacer.
J'ai exposé au Musée de Tokyo 1976, dans une exposition de groupe. Cet événement a provoqué des discussions: Est-ce que toutes les combinaisons sont bonnes? Quelle est la place de l'auteur, du public?...

J'ai utilisé différents supports : le papier, la toile, des feuilles dorées, de la terre, du plastique. Après, j'ai commencé à élargir l'oeuvre avec la multiplication des éléments, par la photographie et la photocopie. Cela m'a donné une autre possibilité de jouer avec le format. La dimension est devenue celle de l'espace où j'ai exposé. Le public qui déplaçait les choses était l'événement.