HELMUT FEDERLE
Du 9 mars au 3 juin 2002, le musée des Beaux-Arts de
Nantes présentera une
exposition consacrée au peintre d'origine suisse, Helmut
Federle. Cette
manifestation, qui réunira à la fois des peintures,
des dessins, des
photographies, des objets, constituera l'ensemble le plus significatif
de
cet artiste proposé au public français, ensemble
pour une large part inédit.
Suivant un parcours conçu par Helmut Federle, l'exposition
permettra
d'appréhender les origines de la démarche du peintre
qui s'enracine dans une
réflexion intuitive sur le paysage alpin, de même
que les développements les
plus récents de son oeuvre, avec notamment la série
Pour les oiseaux
composée de 26 tableaux, synthèse de ses intérêts
pour les arts
d'Extrême-Orient et de l'abstraction d'un lyrisme austère
qui caractérise
son style depuis plus de vingt ans.
Cette exposition, grâce à la présence d'autres
types d'oeuvres, comme
plusieurs carnets de dessins, une sculpture, une suite photographique
ou
deux tapis, permettra également d'élargir l'approche
de la démarche d'Helmut
Federle, trop souvent envisagée sous le seul angle de
la peinture.
Né en 1944 à Soleure, Helmut Federle, s'est
très tôt tourné vers les arts,
attiré autant par la musique que par la peinture. Ses
premiers travaux dans
le champ des arts plastiques, s'appuient sur les motifs offerts
par les
paysages de montagnes, silhouettes familières dont il
retient
essentiellement le dessin épuré des lignes de crête.
Ses recherches, au
début des années soixante-dix, revêtent la
forme d'une méditation sur ce
thème qu'il traduit de manière de plus en plus
stylisée, bien que l'emploi
de certains éléments tels que la peinture dorée
suggère une vision
romantique, voire des connotations symbolistes.
La géométrisation des formes, la simplification
des plans de couleur, la
disparition des allusions à la réalité,
sous-jacentes à ses recherches
initiales, vont acquérir une tout autre dimension à
la faveur d'un séjour à
New York en 1979. Cette ville exerce sur l'artiste une influence
décisive
qui l'amène à radicaliser ses compositions et à
augmenter ses formats, qui
jusqu'alors se cantonnaient en général à
l'échelle d'une feuille de papier.
On peut fixer aux années 1980-1981, la mise au point d'une
écriture
picturale qui lui est propre et qui, tout en avouant clairement
ses
références à la peinture américaine
- on pense à Barnett Newman et Mark
Rothko notamment - s'affirme comme totalement originale. Ce style
se définit
par l'opposition entre des plans géométriques de
couleur grise et d'autres
d'un jaune brouillé, comme sali, tirant sur le vert.
La matière est
très lisse, voire pauvre, laissant apparaître
le grain de la toile.
Elle semble néanmoins, sous sa sécheresse, d'une
élaboration très complexe,
fruit d'un travail extrêmement subtil sur la couche picturale.
A partir de
ces éléments fondamentaux, Helmut Federle réalise
un ensemble de tableaux,
le plus souvent dans des formats majestueux, qui mettent en évidence
l'enjeu
primordial de la composition. Certains, d'une structure graphique
affirmée,
jouent sur l'opposition de lignes horizontales et verticales
et font
référence aux initiales de l'artiste, composées
en capitales d'imprimerie.
Ils introduisent par là-même des références
à la calligraphie orientale,
mais ne sont pas exempts toutefois de résonances existentielles.
D'autres,
aux plans de couleur plus amples, évoquent l'alternance
de l'ombre et de la
lumière. Ils introduisent une vibration des formes qui
suscite le sentiment
d'une présence.
De fait, très tôt l'oeuvre d'Helmut Federle s'est
alimenté à la source de
cultures anciennes extra-occidentales, des indiens d'Amérique
à l'art khmer.
Il s'est lui-même nourri des philosophies bouddhiste et
taoïste comme des
pensées de Nietzsche et de Schopenhauer. Pour Helmut Federle,
l'art est
avant tout l'expérience et l'expression d'une spiritualité.
Une spiritualité
sous-jacente aux formes du visible, et que l'art est susceptible
de
dévoiler. Par là, il renoue avec un certains grands
maîtres des avant-gardes
du XXème siècle, comme Mondrian et Malevitch, dont
la quête d'un absolu de
la forme s'appuyait sur une démarche d'ordre spirituel.
Chez Helmut Federle,
le rapport des lignes, l'équilibre des formes, l'harmonie
des couleurs
tendent vers l'expression d'une attitude sereine et apaisée
face à
l'angoisse de la disparition et du néant. On trouve, en
effet, au coeur de
ses tableaux, la suggestion fragile et précieuse d'une
réconciliation
possible des contraires, l'idée d'un état harmonieux
des choses au-delà des
apparences, d'une vie qui se poursuit en dépit de l'achèvement
de toute
existence.
A l'occasion de cette exposition un catalogue sera publié
(éditions Actes
Sud).
Commissaire de l'exposition
Guy Tosatto, Directeur du Musée des Beaux-Arts de Nantes
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