Le Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne, en avril 2000, présente un ensemble d'oeuvres déposées par Raymond HAINS, un artiste qui par son inventivité, son humour, sa poésie, échappe à tous les critères de définition habituels. Ce dépôt contribue à l'enrichissement d'une collection très représentative de l'art des années soixante/soixante dix. Né en 1926, Raymond HAI NS doté de solides connaissances
dans le domaine de la photographie, imagine un objectif en verres
cannelés, il obtient ainsi des images fragmentées,
proches de l'abstraction ce qui revient pour lui "à
faire abstraction du sujet". La réalisation avec
Jacques de La Villeglé, en 1949 d'un premier court métrage,
véritable "relevé cinématographique
d'affiches déchirées", précède
le décollage de leurs premières affiches, lors
de "promenades cueillettes". Aux affiches lacérées
s'ajouteront les palissades comme "la Palissade de Beaubourg".
Avec "ces rapts d'affiches" ils passent "d'un
art de création à un art de prédation".
Hains est un "rapprocheur d'images", esprit curieux
incroyablement cultivé, qui dévoile les multiples
coïncidences, ironiques ou humoristiques parfois poignantes,
nées de la rencontre involontaire des typographies des
formes et des couleurs. "mes oeuvres" Le 27 octobre 1960 Hans est un des huit artistes qui signent la déclaration constitutive du mouvement des Nouveaux Réalistes. Le groupe rassemblé par le critique Pierre Restany au nom de "la passionnante aventure du réel perçu en soi" défend une esthétique nouvelle de l'objet trouvé. Le mouvement après différentes manifestations et expositions sera dissout en 1963. Hains transforme chacune de ces expositions en une aventure inédite pleine d'imprévus: de l'invention "sous la haute inspiration des régies françaises et italiennes des Tabacs" de pochettes d'allumettes géantes, Saffa et Seita, à celle des échelles optométriques, soit la proposition d'un changement d'optique, sur les critiques et les marchands", à la fabrication "de machines mais avec des mots". Il manipule avec jubilation la langue, les noms de lieux qu'il associe par analogies ou par glissement de sens à d'autres noms liés à des souvenirs historiques ou littéraires tout en usant du calembour et des lapalissades. Il s'empare de tous les moyens d'expression qui sont à sa disposition et par leur détournement, fait exploser les notions de catégories artistiques. Cet art sans frontières devance ainsi le travail actuel des jeunes créateurs qui exploitent à leur manière toutes les potentialités du monde actuel comme le cinéma, la vidéo, les technologies nouvelles. Cela lui vaut d'être très présent sur la scène nationale et internationale comme la dernière Biennale de Lyon où la Documenta X de Cassel. Martine DANCER |