" Le dernier cri ", 1994.
Bronze |
Dès le début, l'artiste est l'un de ces frontaliers. Non
seulement parce qu'il a quitté son pays natal, la Suède,
qui lui est pourtant restée familière, mais également
parce qu'il a franchi avec aisance les frontières linguistiques
du suédois au français, à l'anglais et à l'italien
- et ceci souvent au sein d'une même phrase. De cette indétermination
de la langue naquirent par ailleurs des oeuvres qui jouent avec les horizons,
toujours ouverts chez Dietman, du verbe et du sens, des oeuvres qui, selon
le lieu ou la perspective offrent des accès et des plans multiples.
Frontalier, Dietman l'est aussi dans sa combinatoire qui ne craint pas
des avoirs préconçus et du pouvoir de la tradition. Si Dietman
reprend l'approche de la combinatoire surréaliste, il la développe
aussi d'une manière qui lui est propre, en ce sens que rien ne reste
fermé à son univers artistique. Fort d'une imagination débordante,
qui ne s'arrête pas aux frontières du beau, il oeuvre toujours
à ce monde grotesque et extatique de Rabelais avec lequel il se
sent si intimement lié. S'opère alors à travers ses
sculptures la redécouverte du monde des hommes et de la nature.
Chaque pierre et chaque arbre, rien d'autre par conséquent que la
nature humaine, sont pour Dietman les points de départ d'une création
artistique qui soumet les choses les plus quotidiennes au démon
du regard, non sans pénétrer les profondeurs du vécu
humain, que ce soit le sexe, la mort ou l'angoisse devant l'inexplicable.Une
création qui d'entrée de jeu procède d'une gaieté
sereine, surgit de ce rire qui fait fi des puissances et de leurs exigences
et réhabilite ce qui tout à l'heure n'avait à nos
yeux qu'une apparence insignifiante en lui conférant sa place dans
l'ordre universel. |