Art poétique visuel et verbal, l'oeuvre de Lena Vandrey
nous saisit.
Tableaux à l'encaustique sur lesquels des objets divers
sont incrustés, les Amantes Imputrescibles (de
1967 à 1975) prennent ainsi une épaisseur de chair.
Poils, tatouages, tissus, feuilles et herbes, coquillages opèrent
leur mutation en créatures hybrides, mi-humaines, mi-animales,
femmes ou divinités.
Dans le cycle des Anges matiéristes (1976-1982),
ces anges rugueux aux couleurs sombres apparaissent comme épurés,
dépourvus d'objets incrustés, moins agressifs peut-être
que les amazones et harpies qui se multipliaient dans les oeuvres
précédentes.
Epuration encore dans les tableaux qui s'inspirent des techniques
hellénistiques (1982-1985) ou les figures découpées
(le Rêve emmuré ou l'Art de l'enfermement (1991-1994),
Cut-Outs d'Anges (1995 à 1997), Auschwitz (1997
à 2000)) qui ne sont plus que silhouettes, ombres.
Retour des objets aussi, avec les Boîtes de Pandore
(1997 à 2000), théâtres miniature où
vient de déposer une vie.
Mythologies diverses, histoire du monde et histoire intime se
mêlent dans une oeuvre puissante, à l'image de leur
créatrice, dont un superbe portrait cinématographique,
L'Ange amazonien. Un Portrait de Lena Vandrey (1992),
réalisé par Maria Klonaris et Katerina Thomadaki,
elles-mêmes artistes multimédia et cinéastes,
révèle l'intense présence.
Anguéliki Garidis