Catherine Ikam & Louis Fléri

"Ce qui m'intéresse c' est le visage, lieu de désorientation; capter l'apparence des autres. Réaliser grâce à des techniques numériques complexes des clones, des modèles en 3d parfaitement réalistes à partir de visages humains.

Attribuer à ces clones des modes de "vie" différents : l 'un sera un portrait, deux autres se trouveront dans un lieu virtuel dans une improbable rencontre, au troisième on donnera des modèles de comportement qui lui permettront d'interagir en temps réel avec les visiteurs.

Ces portraits sont des sculptures virtuelles, des objets en 3 D dont on peut modifier à volonté les différents paramètres.

Le désir du corps des autres dont la technologie permet de s'approprier l'apparence. Avec l'utilisation des technologies numériques, le portrait change de nature il cesse d'être la référence ultime de 1 'identité.

Le corps devient un artefact, un modèle manipulable à l'infini. Il n'est plus lié à un support chimique, argentique ou magnétique, mais dorénavant susceptible de toutes les transformations.
Il n'est plus trace, attestant de"ça a été", au sens où l'entend Roland Barthes, mais devenir."

Catherine Ikam, mars 2000.

Techniques de réalisation

La réalisation de ces portraits se fait en plusieurs étapes: d'abord capture à l'aide d'un scanner volumétrique, des différents paramètres d'un visage puis, reconstitution à partir de ces éléments d'un double numérique, du modèle en trois dimensions. Cela rappelle la technique
ancienne des masques de cire, car, ce qu on obtient par saisie laser n'est pas très différent : il s'agit d'un moule numérique sans épaisseur d'une grande élasticité, qui constitue la matière première de toutes les manipulations à venir. Puis on définit des modèles de comportement pour les différentes parties du visage ; les lèvres seront-elles plus ou moins brillantes ? la peau renverra-t-elle la lumière au maximum ou sera-t-elle mate ?

Ensuite on règle les sources de lumière qui vont éclairer la scène virtuelle.

On peut simuler une rencontre dans un lieu virtuel entre plusieurs personnes qui ne se sont jamais vues. Il devient possible d'animer un visage avec des expressions calculées par ordinateur qui n'ont jamais été les siennes sans qu'aucun moyen ne permette de déceler cette substitution, de donner à un personnage différents modèles de comportement qui lui permettent d'interagir en temps réel avec le visiteur.

Eléments biographiques

Catherine Ikam est artiste plasticienne. Elle travaille depuis 1980 sur le concept de l'identitÈ à l'âge électronique et plus particulièrement sur les thèmes de l'identité et de l'apparence, du vivant et de l'artificiel, de l'humain et du modèle.

En 1980 elle crée au Centre Georges Pompidou un parcours sur le thème de l'identité, itinéraire à travers les accidents de la représentation de soi avec Fragments d'un Archétype et IdentitéIII, elle introduit la fragmentation dans les installations vidéo(cf.Nam June Paix Vidéocryptography 1980), Catherine Ikam a été Research Fellow au Massachussetts Institute of Technology, auteur producteur de programmes sur Antenne 2 consacrés aux nouvelles technologies, co-auteur avec Tod Machover d'un opéra vidéo Valis, coprod uit par l'Jrcam et le Musée National d'Art Moderne pour le10e anniversaire du Centre GeorgesPompidou 1997-1998.
Depuis 1990, Catherine Ikam et Louis Fléri réalisent des installations de réalité virtuelle dans lesquelles on peut interagir en temps réel avec des images et des sons. Ils ont conçu notamment, L'Autre, créé en 1992 à la fondation Cartier pour l'Art contemporain, les Portraits virtuels présentés pour la première fois à la biennale d'Art contemporain de Lyon en 1995, Le Messager, présenté en 1995 à l'exposition Cités Ciné 2 à La Défense, Alex, commandé pour l'inauguration des nouveaux espaces de 1'IRCAM/Centre Georges Pompidou en
1996 et Elle, réalisé en février 1999 pour Portraits Réel/Virtuel exposition à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.

website : www.ubikam.com