"Je me vois forcé d'incorporer l'espace environnant dans l'installation. Cela conduit à ce que j'appelle une installation totale."
L'artiste russe liya Kabakov (1933, Dnjepropetrovsk) a débuté comme peintre et illustrateur de livres pour enfants, et indépendamment de cela il a également réalisé de l'art 'non-officiel'. Au début des années quatre-vingts il a entrepris une longue série d'installations avec la vie quotidienne en Russie comme thème central. Ainsi, de par le monde, il a constitué ses installations totales dans lesquelles la re-création de l'atmosphère soviétique déprimante était plus importante que les objets qui sty trouvaient. Cette approche découle de l'interprétation d'llya Kabakov sur des différences existantes entre Orient et Occident en ce qui concerne l'objet et l'espace. En occident toute l'attention est portée à l'objet, qui est bien soigné et beau. L'espace environnant paraît de moindre importance. En Union soviétique, par contre, c'était l'inverse: l'espace était plein d'atmosphère, avait une âme particulière et de ce fait tous les espaces étaient différents les uns des autres, mais les objets étaient mal façonnés, sales et toujours cassés. Avec ses installations Ilya Kabakov ne veut transmettre aucun message. Mais il espère que le visiteur en fera partie. Plongé dans la métamorphose d'une époque et d'un espace reconstruits, celui-ci est confronté avec une image extrêmement personnelle de la vie dans une société en voie de disparition. Toutefois, Ilya Kabakov ne prononce aucun jugement. "Un artiste est le miroir de son époque", dit-il de son travail. "Un miroir n'essaie pas de prouver quelque chose, il ne fait que refléter." Il simule la réalité en exposant des objets sans y changer quoi que ce soit. Ses intentions artistiques sont dévoilées par le positionnement des objets ainsi que des images et fragments de textes qui y sont joints. Malgré l'universalité des idées de départ, elles laissent encore beaucoup de place à l'interprétation personnelle. Ainsi le visiteur occidental percevra ces installations différemment de la personne qui a longtemps vécue en Union soviétique. Dans 16 Installations, l'exposition qu'il a réalisée pour le MUHKA l'artiste n'a pas opte pour un seul titre, chapeautant le tout. En désignant les parties séparément, Ilya Kabakov semble chercher le juste milieu entre son 'sentiment soviétique' pour l'espace et l'atmosphère et le regard occidental par lequel les installations peuvent être considérées comme des objets isolés. Dans un parcours labyrinthique le visiteur est surpris par des situations disparates, telles une 'bouteille cosmique' ou un monument pour des futilités. Dans une autre installation une vingtaine de personnes essaient d'obtenir une pomme d'une manière ou d'une autre: de façon criminelle, philosophique, humoristique ou sexuelle. Finalement, personne ne réussit à se procurer de la pomme. La place de l'art et de l'artiste dans la société ainsi que la problématique-même d'exposition jouent à nouveau un rôle prépondérant. Un personnage inconnu grimpant en dessous du revêtement du sol, paraphrase les performances des artistes qui balaient littéralement le sol avec leurs cheveux. L'agent de police qui surveille les 'toiles de très grande valeur', est également la réplique de fonctionnaires de la bureaucratie soviétique, indifférents. Enfin, dans la salle de lecture le visiteur peut prendre connaissance des albums où l'artiste parle de la vie d'un anti-héros, un 'petit homme' ou un artiste aux aspirations philosophiques, tout comme IIya Kabakov lui-même. |