BEN
La chambre du philosophe
Pour sa cinquième exposition personnelle à la
galerie Lara Vincy, Ben nous propose une approche philosophique
et une nouvelle réflexion sur ses nombreuses idées
qu'il n1a cessé de développer depuis le début
des années 60 :
«Soyons philosophe
Je me souviens quand j'étais jeune, entre 12 et 15 ans,
j'avais des petits carnets de notes de philosophie. Je voulais
être philosophe, tout comprendre, connaître la vérité.
Je me souviens aussi qu'un jour j'étais tombé amoureux
d'une fille, c'était mon premier amour, alors mon grand
problème était de savoir : qu'est-ce que l'amour
? Pourquoi étais-je amoureux? Est-ce que celà allait
durer tout le temps ?
J'avais donc dans un de mes carnets de notes écrit «la
théorie du manque», théorie simple et naïve,
mais dont j'étais très fier : l'amour n'existait
pas.
Tout ce qui existait, c'était le manque. Si vous aviez
un objet chez vous qui vous plaisait, dont vous aviez pris l'habitude
et qu'on vous l'enlevait, vous étiez en manque et vous
disiez «j'aimais cet objet.». L'ego était
là. L'amour de l'autre n'était qu'une question
d'ego. Je me souviens avoir passé six mois à ruminer
ma théorie. Je la croyais très originale.
A 16 ans, à force de me poser des questions, j'inventais
une autre théorie, celle de la survie. Le seul dénominateur
commun à toute forme de vie dans le monde était
la survie; donc toutes actions, activités, bonnes ou mauvaises,
découlaient de la nécessité de chercher
à survivre.
Aujourd'hui, je fais toujours de la philosophie de comptoir dans
ma chambre : une pensée qui pense à penser - à
mettre de l'ordre dans mes pensées - à
ne pas pouvoir m'arrêter de penser... Penser est devenu
un tourbillon qui se transforme parfois en tornade.
Ce n'est plus la vérité que je cherche mais pourquoi
est-ce-que je cherche la vérité ?
Ce n'est plus : qui suis-je ? mais : qui suis-je à vouloir
savoir qui je suis ? Ce n'est plus l'art est ego, mais de quoi
est fait cet ego ?
A 67 ans je me réveille avec l'esprit confus, je n'arrive
plus à me concentrer, j'angoisse de ne jamais en faire
assez, j'angoisse de ne pas pouvoir
m'arrêter et je suis mal à l'aise avec l'espèce
humaine, Ben en tête.
Ai-je écrit cela ? Est-ce que je me joue un rôle
tout le temps ?
Pourquoi ?
Une vie de tous les jours de plus en plus compliquée et
pourtant elle est simple : j'ai un jardin, il y a du soleil.
Comment mettre tout cela au mur ?»
Ben, 2002
© Ben, Tout est ego, 2001, 33 x 41 cm
© Ben, Doute!, 2001, 25 x 33 cm
© Ben, Petite table, 2002, 55 x 70 x 45 cm
Expositions personnelles précédentes à
la galerie :
2000/01 La pagaille gagne du terrain
1998/99 L'air de rien
1996/97 J'ai trop d'idées...
1983 Boites et idées (avec graffitis sur la façade
de la galerie, avril 1983
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