Galerie Lelia Mordoch

 

 EMANUEL FILLOT

« DIVERS »


L'esprit de la montagne - 2000 - 70 x 60 x 28 cm

Dans le pays de Caux, Emanuel Fillot découpe la falaise. Transparence sur fond de craie blanche, vol de mouettes fondue dans la brume, il fige le temps du regard dans ses sculptures, assemblant pierre, coquillage et plexiglass écrivant le journal intime de ses émotions dans ses assemblages aux titres évocateurs, il sculpte l'anecdote.

Indication sur la Marche du Vent

Fond de Nuit

Haut Lieu

Le Voyage de Maréna

Sceau de l'Homme prudent

Autre découpe, autre falaise, autre contraste : latérite rouge sur fond de roches noires, couleur et densité du Sahel, paysage de référence de ses uvres récentes, Emanuel Fillot nous transporte au cur de l'Afrique. Ses oeuvres deviennent instruments poétiques, adjectifs de l'espace qui révèlent la présence des choses au monde.

Pour la plupart, nous sommes incapables de partager nos voyages, l'appareil photographique n'offre le plus souvent qu'un pâle reflet de nos sensations et de nos sentiments. Seuls de grands photographes arrivent à percer
l'instant pour en figer l'essence et les bons conteurs sont rares. Peu de gens sont à même d'extérioriser leur vision du monde, Emanuel Fillot est de ceux-là. Portées par ses sculptures accrochées à nos murs, la Normandie et les Cévennes sont aussi loin que l'Afrique et l'Afrique aussi proche que le sol que nous foulons aux pieds.

Comme le souligne Kenneth White, Emanuel Fillot est à « l'écoute du monde », toujours dans la lignée du mouvement géopoètique, il lie les récipients crées par les mains anonymes des femmes africaines aux pierres qui évoquent l'horizon des marches du désert. Les vasques surgissent des pierres, réceptacles d'une autre culture, suspendues par des ligatures de paille et de jonc formant arc tendu comme pour cerner les paysages du voyage qu'il nous narre dans « DIVERS », titre qu'il a choisi pour son exposition, référence à l'autre et à l'ailleurs, au
hasard des rencontres.

De la légèreté des vagues à la densité des rives du déserts où il a rencontré « de vrais matériaux dans un vrai espace » comme en rêvait Tatlin qu'il cite volontiers.

Lélia Mordoch

Février 2001