Cinémathèque Française Grands Boulevards
présentés dans le cadre de la programmation de Nicole Brenez Libre, pure et dure! Le portrait au risque du cinéma à 19h : à 21h30 : précédé de En présence des cinéastes Plein tarif : 4,7 E (31F) Tarif abonné : 3 E (20 F)
La Série Portraits Si les premiers portraits que nous avons réalisés au début de notre pratique filmique en Grèce (1968-73) rendent surtout compte d'attachements affectifs et que leur geste est celui d'une prise de parole spontanée, émue, mais encore tout près d'un réel peu médiatisé par l'imaginaire, le double auto-portrait Double Labyrinthe (1976) qui initie une nouvelle étape dans notre pratique, restitue un espace délibérément intérieur, un temps transformé, des événements agis de l'autre côté du miroir. Dès lors, notre scène privilégiée sera celle de l'inconscient et de l'imaginaire. La mise en place du procédé de la réversibilité des rôles filmante/filmée (nous passons successivement derrière et devant l'objectif) tient d'une intention de démontage de certains schémas idéologiques : bouleverser les rôles figés, abolir les rapports de pouvoir, demeurer sujet au sens fort du terme des deux côtés de la caméra. Ainsi l'existence d'un sujet filmant, traditionnellement sujet du désir, ne suppose plus un objet filmé / objet du désir, mais, par un renversement désaliénateur, l'objet du regard se transforme à un degré tel par son propre imaginaire, qu'il s'impose comme sujet regardé. Nous introduisons alors le terme "actante" pour désigner notre fonction devant l'objectif - par opposition au terme actrice. Nous appelons notre cinéma corporel. Cinéma du corps révolté mais aussi sublimé, ritualisé, traversé par la réapparition du multiple, du baroque, du magique, de l'archaïque, lieu passionné de la manifestation du dedans, espace mental, imaginaire et projectif. Le corps de l'actante s'ouvre tout entier à l'émergence du moi. Sa représentation est une auto-représentation. Mais cette auto-représentation passe inévitablement et voluptueusement par le regard de l'Autre, celle qui filme, de sorte que le film se construise au carrefour de deux désirs, de deux identités. Rencontre d'inconscients. Entrelacs et chiasme. Miroir réciproque. Cette position, qui traverse toute la Tétralogie Corporelle , nous a menées à une réflexion renouvelée sur le portrait. Le processus relationnel fait le noyau des Portraits de femmes que nous réalisons depuis 1979 parallèlement aux cycles "mythologiques" de l'Unheimlich et des Hermaphrodites, même si cette fois-ci les actantes ne participent pas à l'inversion des rôles filmante/filmée pratiquée entre nous. Au lieu d'identité il vaudrait mieux parler ici de mystère, de glissement dans la pénombre de l'Autre/filmée. Le pouvoir évocateur de sa présence attirée et attirante devient l'élément structurant par excellence du langage filmique. Fondement de la construction syntaxique de l'uvre, le "fascinant" opère comme un révélateur à double tranchant : miroir rompu et restitué où l'on reconnaît à la fois le sujet filmant et le sujet filmé, comme si chacun faisait partie de l'autre. Conjonction dans l'imaginaire. M.K- K.T., dépliant Klonaris/Thomadaki :
Portraits/Miroirs,
vendredi 1er mars 2002 à 19h Sauro Bellini de la Série Portraits Super 8 couleurs, 15min, silencieux, 1982 (...) Je l'aborde. Il est étranger, Italien de Venise,
dans deux jours il repart. Entre le dialecte vénitien
et l'anglais, le sourire, le regard et le rire, je m'explique
: "Volio filmarti comme un angelo di Quattrocento, capisci
?" M.K., Paris, 1982
Chutes. Désert. Syn de la Série Portraits Super 8 couleurs, 18min, silencieux, 1983-85
© Klonaris / Thomadaki
La chute, motif corporel, musical, rythmique et existentiel. Syn dit : "se laisser choir, s'abandonner à la spirale de la gravitation déclenchée par le déséquilibre ou le saut dans le vide. Energie projetée. Le court instant de suspension, l'envol avant l'impact. Chute et rebond. Dérapages dans le sable". Organisations spatiales obliques et horizontales, étalement et désintégration du temps, ensembles structurés et variantes aléatoires. La chute, danse suspendue. K.T., Paris, 1985 Dans Chutes. Désert. Syn c'est le corps de la répétition, non pas de la redite mais de la souple résurrection, corps qui meurt et qui revit dans une danse sans souffrance. Corps du désert qui n'est plus désertique mais habité par l'attraction du ciel qui est, elle, aussi forte que celle de la terre. Un corps pour les étoiles, le même qui plonge dans les Enfers. M-J. Mondzain, catalogue Rétrospective Klonaris/
Thomadaki,
Selva. Un portrait de Parvaneh Navaï De la Série Portraits Super 8 couleurs, 75min, sonore, 1981-83 © Klonaris / Thomadaki
Le portrait abordé comme un moment privilégié
de rencontre entre deux sujets : celle qui filme et celle qui
est filmée. M.K., 1983
vendredi 1er mars 2002 à 21h30 Portraits / Miroirs de la Série Portraits Super 8 couleurs, 75min, silencieux, 1984 Dans le cadre d'une commande du Cinéma du Musée
du Centre Pompidou, l'installation de projection Portraits/Miroirs
a été spécialement conçue pour prolonger
notre présentation radiophonique du cinéma expérimental
en France (Atelier de Création Radiophonique, France Culture,
1983), en vue de la rediffusion de l'émission dans la
salle de cinéma du Musée. Le film qui est l'élément
central de cette installation comprend dix-neuf portraits de
cinéastes, critiques, organisateurs, interprètes,
compositeurs. Cette série de portraits ne se veut pas
un panorama exhaustif mais une expérience de communi-cation
créative. Tout en portant un regard subjectif sur d'autres
artistes, nous avons essayé de nous ouvrir au maximum
à leur spécificités. Nous avons voulu chercher
des ponts entre des démarches hétérogènes,
révéler la cohérence dans la diffé-rence,
la discontinuité dans la convergence. M.K. / K.T., 1984
Site Internet Klonaris/Thomadaki, rétrospective virtuelle 1975-2000 : http://mkangel.cjb.net |