Malika SAIDI
37 rue Emile-Zola - 93400 Saint-Ouen
Tél. 40.11.96.06 - Fax 40.11.31.62

Monsieur Jacques CHIRAC
Président de la République
Palais de l'Elysée
55 Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS


Via télécopieur 47.42.24.65, , confirmé sous pli recommandé A.R. -

Saint-Ouen, le 16 mai 1996




Monsieur le Président de la République,

En ce printemps 1996, vous fêtez votre première année à la tête de la Nation.
Moi, Malika SAIDI, je fête, plus ordinairement, mon sixième mois au chômage.
Caissière principale chez PRlSUNIC à Saint-Ouen, titulaire d'un contrat de travail à
durée indéterminée, âgée quarante-deux ans, j'étais une employée modèle, dévouée à
mon travail et à mes employeurs. Pour une simple correction de deux cents francs,
j'ai été licenciée pour perte de confiance alors même que je n'avais jamais fait l'objet de
reproches en six ans de carrière.

Ce licenciement, décidé au moment où la direction de PRISUNIC Exploitation S.A
informait ses cadres que des gains de productivité - souhaitables, donc exigés -
pouvaient être obtenus en remplaçant les emplois à temps plein par des emplois à
temps partiel, est abusif et parfaitement injuste.

Bon nombre d'habitants de Saint-Ouen, usagers et clients de ce magasin PRISUNIC
auquel ils sont attachés, se sont regroupés au sein d'un comité de soutien pour
demander ma réintégration à mon poste de travail.

Le Comité a fait part de ma situation au Maire de Saint-Ouen, Mme Paulette FOST,
au Député de notre circonscription, M. Raoul BETEILLE, à Mme Muguette
JACQUAINT, Vice-Président de l'Assemblée Nationale, laquelle a interpellé
M. Jacques BARROT, Ministre du Travail et des Affaires Sociales, et Mme Nicole
CATHALA, Vice-Président de l'Assemblée Nationale, ainsi qu'à de nombreuses autres
personnalités.

Tous se sont émus et se sont montrés très attentifs à cette affaire. De nombreux élus
du départements, de tous les partis, les représentants des syndicats, les associations et
nos concitoyens, de plus en plus nombreux, sont signataires de l'appel lancé par le
comité de soutien pour ma réintégration (à ce jour, cet appel a recueilli à ce jour
3 1 l 5 signatures).

Monsieur le Président de la République, vous vous dites attaché à la justice sociale,
à la lutte contl e le chômage, à la réduction de la fracture sociale. Je sais que
M. François PINAULT, Président et principal actionnaire du groupe auquel
appartiennent les magasins PRISUNIC, compte au nombre de vos amis et partage
surement vos idées et vos idéaux.

Ayant appris votre prochaine rencontre avec M. PINAULT, je vous sollicite afin de
saisir cette occasion amicale pour l'informer de la décision arbitraire qui me frappe,
ainsi que des pressions exercées sur le personnel du magasin parce qu'il manifeste sa
solidarité avec moi.

En vous adressant cette requête, Monsieur le Président de la République, je réponds
à votre appel, publié dans Le Monde daté du 7 mai 1996, car nous travaillons tous pour
une France responsable, audacieuse et généreuse.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma
haute considération

P.J. - La premièle lettre de licenciement datée du 06/11/1995
- Mon courrier daté du 10/11/1995 à M. Francis DEPERNET, Directeur des
Ressources Humaines et de la Communication Interne, au siège social de PRISUNIC
Exploitation S.A. (à Clichy-la-Garenne)
- Le courrier de réponse de M. Francis DEPERNET daté du 20/11/1995
- La deuxième lettre de licenciement datée du 03/01/1996
- Le courrier que j'ai adressé à mon Avocat, Me Jean-Louis MALTERRE,
le 07/0 1/1996