Des compositions en forme de fugue Dans la plupart des images
créées par Nestoras, les figures sont encore
perceptibles, tendant vers l'abstraction sans toutefois que la
figuration ne disparaisse totalement, à l'instar de Schlemmer,
dont l'oeuvre a été pour lui une référence.
Inspiré par les Constructivistes et le Bauhaus, il désire réconcilier l'art et la technique, les artistes et les travailleurs, réaliser l'intégration de l'art au social, ainsi qu'il l'a montré par exemple lors de sa participation au groupe Omada Technis. Bâtissant chaque image au
cours de ses transformations successives, Nestoras, tel un architecte,
qui dessine le plan de l'édifice avant sa construction, ou un
ingénieur, qui conçoit sa machine, prépare sur
l'écran des oeuvres qui, même si elles ont une fin en soi,
éphémères et durables à la fois, peuvent
aussi être transposées sur un autre support. Alors
qu'actuellement, avec les logiciels disponibles, de nombreux artistes
transposent souvent une image existante en virtuel, Nestoras l'aborde
immédiatement et aboutit éventuellement à une
oeuvre matérielle, sur toile, sérigraphie, ou
sculptée dans du bois ou du métal. L'artiste joue sur les formes et leur combinaison, sur les différences chromatiques et tonales, comme dans une composition musicale. Tel John Whitney, grand précurseur de l'art assisté par ordinateur, et qui a travaillé sur le lien étroit unissant la composition musicale et celle des pixels sur l'écran, Nestoras compare volontiers son travail à celui du musicien, créant des "fugues" avec d'infinies variations de chaque image. Il joue avec les formes, peu à peu les manipule et les transforme jusqu'à en effacer presque l'image initiale. Ce qui l'intéresse est surtout le rythme dans la répétition évolutive des motifs. Certaines séries d'images ont été mises en mouvement, accompagnées par une musique spécialement créée pour elles par Makis Faros, accentuant encore la sensation de rythme déjà présente dans l'image fixe. Anguéliki Garidis
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