Tatiana Stolpovic
Enracinement et légèreté
Telle une plante qui plonge ses racines entrelacées dans l’humus
de la
création, dans la terre nourricière des rêves,
l’œuvre de Tatiana
Stolpovic se déploie pour laisser s’épanouir des
constructions légères
dont l’ossature se développe comme une ville-corps, un univers
organique, végétal, minéral, aérien,
indéfinissable.
Des figures sans nom, à fleur de forme, au seuil de la
définition, sont
suspendues ou effleurent à peine le sol. Œuvre entre ciel et
terre,
partie de l’enracinement pour trouver peu à peu la
légèreté sans perdre
ses attaches.
Paysage
Fibres végétales, 2009
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic
Vaisseaux,
barques
flottantes, pagaies, ces
leitmotive sont une invitation à des voyages imaginaires qui
mêlent
cultures du monde (yourtes, chapeaux indiens…) et mythologie
personnelle.
I
Inu
Fibres végétales, bois, 2008
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic
Villes en
apesanteur, comme issues de contes d’où les personnages se
seraient échappés. Paysages mythiques, d’avant le temps
ou hors du
temps. Cités délaissées après leur
destruction et réappropriées par la
nature. Vestiges qui tendent à s’effacer, archéologie du
futur.
Installations dans les campagnes et les parcs, où la nature
tente de
survivre, au sein des villes envahies par la pollution et les
technologies. L’œuvre et la nature s’interpénètrent, dans
une symbiose
où plantes et animaux intègrent l’œuvre, y trouvent
refuge. Des petites pousses
se mêlent au bois, à la fibre végétale, les
oiseaux y font leurs nids.
L’artiste imite la nature, et celle-ci se laisse prendre dans cet
univers qui oscille entre l’organique et l’abstraction.
Likia
Copeaux de bois et fibres végétales,
Parc des Buttes-chaumont, 2006
@ Tatiana Stolpovic
Dans ses installations comme avec ses
« sculptures-boutures », l’artiste
réutilise des éléments,
végétaux ou minéraux, recueillis au cours de ses
promenades et de ses
voyages à travers le monde, pour créer des formes
nouvelles,
assemblages qu’elle réintègre à la nature.
Glaneuse rêveuse, elle
parsème son atelier de boutures de plantes et de
sculptures-boutures qui donneront peut-être naissance
à de grandes
sculptures. Fleurs minérales, sculptures ailées, en
suspension entre
terre et ciel. Elévation et ancrage.
sculpture-bouture, 2003
pierres
@ Tatiana Stolpovic
Dans ce monde inspiré par un désir de
légèreté, art éphémère
où les
mots ne définissent plus les choses, où les histoires ne
surviennent
plus que par bribes, la figure humaine elle-même est
déconstruite,
morcelée et réintégrée à la nature.
L’homme, devient ville quand la
ville hésite entre devenir plante ou animal. Les jeux de miroirs
et
projections
transforment encore les
œuvres, qui se déclinent au gré de la lumière, des
saisons, du regard.
Paysage
Projection sur les sculptures en fibres végétales
salon de mai, Paris, 2008
@ Tatiana Stolpovic
Et
lorsque les sculptures sont virtuelles, matière
créée pour le seul
regard, lumière travaillée dans la magie du
« retour
optique » des technologies de pointe, lorsque l’artiste
elle-même
pénètre dans sa création virtuelle en trois
dimensions, lorsque l’art
apprivoise les nouvelles technologies pour les insérer dans la
nature,
alors l’humain, peut-être, retrouve-t-il sa place.
Réinventer la douceur, la transparence, au-delà des
interprétations.
Eviter la représentation. S’effacer devant l’œuvre
jusqu’à effacer
l’œuvre. Laisser la nature s’approprier de l’œuvre, le spectateur
décider de ce qu’il désire voir. Trouver la
légèreté sans perdre ses
racines. Tels sont les enjeux de cette œuvre délicate qui
toujours se
cherche, sans se lasser.
Anguéliki Garidis, mars 2009
Paysage
Fibres végétales, 2009
Photographie : Nicolas Pfeiffer.
@ Tatiana Stolpovic