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                                                             Benoit Sabourdy, Fragmentations singulières


Benoit Sabourdy, Sans titre


Le regard du photographe, démultiplié par la surimpression, tel un prisme diffractant la lumière, nous fait découvrir le monde dans sa fragilité, nous dit sa destruction latente, possible. Les constructions humaines ont la beauté éphémère d’une civilisation après la catastrophe. Univers fragmenté, morcelé, déconstruit, décomposé, détruit pour être reconstruit par l’image, instants inventés dont la photographie témoigne, comme un avertissement. La mémoire photographique photosensible retient ce qui n’est pas encore, mais que l’on devine, redoute ou appelle de nos vœux.

Échos de l’expressionnisme allemand annonçant une ère destructrice. De la boîte noire surgit une ville disloquée, dont l’esthétique pourrait se rapprocher de celle où erre le somnambule du Cabinet du Docteur Caligari. Elle métamorphose la cité en fragments hypnotiques, où le hasard se mêle pour créer l’inédit : mouvements imprévus, fantômes, accidents d’impression, énigmes dont la trace se répercute jusqu’à nous.

L’humain nous tourne le dos, sort de l’image, fuit le décor qu’il a créé pour laisser place à un chaos, où la nature reprend ses droits. L’ombre des arbres envahit les ruines où l’homme, silhouette qui s’efface, se fond dans la géométrie d’un édifice, erre, comme Stalker. Échos tarkovskiens dans l’incendie comme dans la réminiscence. Dans ces lieux abandonnés par l’homme, le végétal se réapproprie son royaume et dans le regard mélancolique de Benoit Sabourdy, l’architecture s’effondre pour devenir tableau abstrait, fait de lignes de fuite, de lumière et d’ombre.

Anguéliki Garidis




Benoit Sabourdy, Sans titre



Benoit Sabourdy, Sans titre


Benoit Sabourdy, Sans titre



Benoit Sabourdy, Sans titre



Benoit Sabourdy, Sans titre



Benoit Sabourdy, Sans titre


Benoit Sabourdy, Sans titre



Benoit Sabourdy, Sans titre