Œuvres de Pierre Perrault
Durant
deux ans, j'écoutais régulièrement à Radio Canada, de 1956 à
1958, l'émission
Le Chant des Hommes de Pierre Perrault. J'étais étonné qu'un auteur puisse ainsi,
quotidiennement, soutenir notre intérêt avec tant de
poésie et d'humanisme.
Lorsqu'en
1960, j'appris qu'il avait aussi réalisé une série de films,
Au Pays de
Neufve France, diffusée durant l'été à la télévision, je l'invitais à
les présenter au Centre Canadien d'Essai que j'animais à l'auditorium
de l'Ecole des Beaux-Arts de Montréal. Il me dit qu'avant de les programmer, je devais au moins en voir quelques uns. Il
m'invita donc à en visionner à Radio-Canada. Je lui confirmais mon
invitation et lui demandais une photo afin d'illustrer les communiqués
aux journaux. Il me répondit qu'il n'avait aucune photo de lui et comme
j'insistais, il proposa de me montrer quelques photos qu'il avait
lui-même prises lors des tournages. Nous avons pris rendez-vous chez
moi et quelle ne fut pas ma surprise quand il arriva avec son
projecteur et ... quelques 1.500 diapositives. Je découvris que cet auteur radiophonique, ce cinéaste,
ce poète, était aussi un photographe remarquable.
Quelque
temps plus tard, notre collaboration s'étendit à la scène et nous avons
présenté deux poèmes dramatisés au Centre d'Essai,
J'habite une Ville,
en 1962, et
Les Frères Colin, en 1963. C'est ainsi que cette
fréquentation se développa en véritable amitié entre Pierre, Yolande,
son épouse, Anne Trèze, ma femme, et moi-même. Pierre invita Anne à
illustrer son recueil poétique
Ballades du Temps Précieux que nous
avons publié dans les Editions d'Essai. Pour l'anecdote, c'est au
sous-sol de la maison des Perrault que nous avons tous mis
laborieusement la main à la colle pour relier le livre.
Le temps
passant, la carrière cinématographie de Pierre s'affirma, ses oeuvres
et chefs-d'oeuvre lui valant une renommée mondiale.
Ayant dû fermer
le Centre d'Essai après une centaine de spectacles produits entre 1957
et 1964, mon destin me mena vers divers cieux et d'autres activités
artistiques.
Toutefois, je gardais toujours contact avec les
Perrault, et lorsque Pierre disparut prématurément, Yolande et moi
avons continué de nous rencontrer rituellement au Café Sarah-Bernard, à
Paris, lorsqu'elle vient présenter au Centre Pompidou le
Prix Yolande
et Pierre Perrault au Festival annuel du Cinéma du Réel. Notre
déjeuner en 2006 fut particulièrement laborieux et productif car nous
avons convenu de commémorer en 2007 le cinquantenaire de la création du
Centre d'Essai. Je lui promis que si cela se réalisait, nous
organiserions une exposition de Pierre photographe, projet que durant quarante-cinq ans j'espérais toujours organiser un jour.
C'est ainsi qu'avec le
concours d'amis et participants au Centre d'Essai et la collaboration
de six Maisons de la Culture de Montréal, nous avons finalement vécu en
2007 des Retrouvailles chaleureuses et exposé
Pierre Perrault
Photographe à
la Maison de la Culture de Notre-Dame-de Grâce. C'était, je le pense,
rendre justice à ce grand artiste qui avait tant de cordes à son génie.
Natan Karczmar