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Bali
© Patrick Alphonse

Marcheur passionné, Patrick Alphonse parcourt le monde avec sur son dos un sac, sa tente et son duvet. Il traverse les déserts et les îles luxuriantes, plonge dans l'eau gelée où fondent les glaciers, s'arrête pour contempler un homme plantant du riz, oubliant l'ouragan qui s'approche.
De l'Inde à Bali, de l'Islande au Mali, Patrick chemine et recueille parfois la beauté d'un instant. De ce moment ébloui, volé  délicatement sur le temps de la marche, naîtra une oeuvre.

Grâce au procédé de l'héliogravure, technique née au XIXe siècle, le photographe devient peintre, transforme imperceptiblement l'image, accentuant le clair-obscur, expérimentant les encres, les différents supports.
Un papillon posé sur une tige, révélé comme à l'encre de Chine sur du papier de soie, devient hommage à Hokusaï. L'enfant photographié à Bénarès acquiert la légèreté de l'oiseau, lorsque terre et ciel se confondent. A l'autre bout de la vie lui répond une vieille femme recroquevillée, attendant patiemment la mort, dominée par un vautour aux ailes déployées qui se dédouble dans le miroir liquide.
Manipulant la photographie argentique tout en restant fidèle à l'image initiale - caractérisée par une grande sobriété - et au noir et blanc, l'artiste offre à ses photographies des vies successives, qui jamais ne nient les précédentes.
Jouant avec les nuances infinies du gris, qui donnent à la photographie une qualité intemporelle, Patrick Alphonse raconte des histoires universelles de vie et de mort, et la pureté des lignes intensifie la portée symbolique de l'image.

Anguéliki Garidis