Li Jiabei (李家北) : «
Paysages du désastre »
Bâtiment abandonné (废楼), N° 9 (30cm x 40cm),
2012
Observateur
lucide de son temps, Li Jiabei, jeune artiste chinois
venu de la région du Shandong pour s’installer
dans un quartier d’artistes, dans la banlieue de
Pékin, présente une vision sombre et
désabusée de la Chine contemporaine.
Son œuvre, pétrie de culture ancienne,
révèle d’une manière
obsessionnelle, tableau après tableau, une
modernité en déréliction.
Paysages noirs, villes en perpétuelle
destruction, reconstruction, décomposition.
Quartiers vides, abandonnés à leur
solitude, contrastant avec la vision commune des
villes chinoises surpeuplées. Des
bâtiments s’effondrent, des tours
inachevées s’élèvent
désespérément vers un ciel
tronqué. Une carcasse de maison s’illumine dans
l’obscurité telle une scène
désertée, un théâtre du
monde délaissé. Une cabane en bois
apparait comme le dernier vestige d’un monde
effacé à coups de bulldozer.
A côté de ces paysages
déserts, surgissent des visages
grimaçants, déformés par la
cruauté, la dépravation. A l’image de
l’immoralité qui s’étend, des valeurs
qui s’effritent, des séries de visages,
solitaires ou dédoublés, envahissent
l’espace de la toile, évoquant une
société qui semble avoir oublié
tout idéal, toute aspiration autre que
mercantile. Au milieu de ces faces grises de laideur,
quelques visages aux lèvres scellées
crient leur douleur muette, tandis que deux vieillards
rescapés d’une époque révolue
observent ces « paysages du
désastre » où l’histoire a
définitivement achevé son travail
d’anéantissement.
Seule demeure la matière : une
palissade en bois ou un pavé,
détaché de l’ensemble sombre de la
destruction, sur des toiles où la couleur
émerge nettement, avec un souci du
détail qui relève de
l’hyper-réalisme, dans une œuvre aux dominantes
expressionnistes. Eléments épars de la
destruction d’un monde, dans l’œuvre de Li Jiabei, les
pierres ont un visage, à moins qu’elles ne se
perdent dans une nébuleuse grise, abstraction
triste où la poussière et l’absence de
sens prennent quelquefois la place de la vie. Anguéliki Garidis
Brique ( 砖), 15cm x 30cm, 2007 Planche (木板), 90cm x 150cm, 2010 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 4, 37cm x 40cm, 2012 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 10, 37cm x 40cm, 2012 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 5, 40cm x 60cm, 2012 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 6, 40cm x 60cm, 2012 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 7, 40cm x 60cm, 2012 Bâtiment abandonné ( 废楼), N° 8, 40cm x 60cm, 2012 Deux anciens (两个古人), N° 2, 80cm x 90cm, 2012
Deux personnes (
两个人), 40cm x 60 cm, 2012
Une
personne blessée (一
个受伤的人) No2,
60 x 160cm, 2012
Sans titre (抽象水墨), No2,
70 x 115cm,
encre de Chine sur papier de
Chine, 2009
Homme malade ( 一个病人), 37 x 40cm, 2012 Abri
antiaérien (防
空洞), N° 1,
180 x 200cm, 2012
Cyclone ( 飓风) N° 1,
150 x 260cm, 2011
Aurore (晨曦),
150 x 200cm, 2012
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