Alexis Gruss
" L'héritage du Savoir-Faire "
"Le cirque que nous pratiquons aujourd'hui
naquit il y a quelques 225 ans du rapprochement de deux sociétés
qu'en apparence tout opposait, raconte Alexis Gruss. D'une part
celle des Aristocrates écuyers, descendants des nobles
chevaliers du Moyen-âge ayant troqué guerres et
tournois contre carrousels, ballets équestres et autres
pantomimes militaires très en vogue au XVIIIème
siècle. Celle des artistes de rue, saltimbanques, forains
ou "banquistes" (descendants directs des bateleurs
et baladins du Moyen-âge), d'autre part.
Le mélange de cette double tradition permit l'apparition,
dans le harnachement des chevaux, de plateaux où se hissèrent
de souples acrobates, puis de panneaux pour la gracieuse écuyère!Vinrent
ensuite, dans la foulée des chevaux au trot ou au galop,
les "pas de deux", les "portées",
les "colonnes", jusqu'aux "pyramides" réservées
aux grandes familles équestres.
Quant aux figures de "Haute École", où
l'écuyer et sa monture ne font qu'un, elles se nourrissent
de la tradition académique de l'équitation du XVIIIème
siècle.
Ainsi, toutes nos prestations, qu'elles soient purement équestres,
acrobatiques ou mixtes, relèvent de ce double héritage
de Savoir-faire que nous perfectionnons, pour notre part, de
génération en génération depuis 1856.
Le 23ème programme du Cirque à l'Ancienne, baptisé
naturellement "L'Héritage du Savoir Faire",
illustre volontairement ce rappel de nos origines.
De même, les costumes retrouvent largement leurs brandebourgs
et la musique ses accents de marches militaires.
Par ailleurs, le personnage hautement symbolique de l'écuyère
à panneau a retrouvé toute la place qui lui est
due, tout comme le jockey d'Epson et le jongleur à cheval
(spécialités maison), la pyramide à six,
la double Haute école et, en grande première cette
année, une interprétation doublement féminine,
toute de grâce et d'élégance, du célèbre
"Courrier de Saint Petersbourg"...
Ainsi, depuis six générations, la famille Gruss
perpétue les valeurs du cirque équestre et de ses
origines. Mais lorsqu'elle met, comme cette année, un
groupe de fauves à l'affiche, c'est également en
référence à la ménagerie foraine
de la Famille Poisson du XIXème siècle, dont ma
mère est la descendante.
Enfin, toutes celles et tous ceux dont les yeux cherchent des
étoiles sous le ciel de notre chapiteau feront moisson
des prouesses extraordinaires des "Hommes volants",
émules de Jules Léotard.
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