Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia
Un édifice inachevé
Le Musée National Centre d'Art Reina
Sofia est situé dans un édifice du XVIII siècle, historiquement
incomplet. Faisant partie d'un grand projet hospitalier, l'ensemble aurait
dû s'étendre entre la rue Argumosa (limite arrière actuelle)
et la rue Atocha, avec un total de sept cours intérieures, dont la
plus grande aurait été la cour qui est aujourd'hui comprise
entre les quatre ailes du Centre.
Ainsi donc, ce qui apparaît aujourd'hui comme étant la façade
principale, était destiné à constituer, en partie,
I'intérieur de trois cours et, en partie, le rattachement à
trois autres galeries, suivant la conception hospitalière de l'illustration,
qui se seraient étendues, perpendiculairement, jusqu'à la
rue Atocha. Dans le projet d'origine, l'entrée principale actuelle
était concrètement destinée à constituer la
cour arrière de l'église qui faisait partie de l'ensemble,
étant, architectoniquement parlant, la plus pauvre des sept.
Philosophie de la réforme
Etant donné ce contexte historique, l'intervention de José
Luis Iniguez de Onzono et de Antonio Vazquez de Castro a gardé comme
principe la norme de ne pas modifier les structures existantes et de ne
pas essayer d'imiter le style de la construction d'origine en ce qui concerne
les parties qui devaient être rajoutées.
A partir de cette philosophie, on a réalisé une réforme
architectonique intérieure dont la complexité se cache derrière
les gros murs qui renferment, sous leur superficie, des systèmes
de conduites, de climatisation et de sécurité très
sophistiqués.En revanche, les parties nouvelles, les tours à
ascenseurs, se détachent du reste, donnant ainsi à l'édifice
une allure qui le singularise. Bien qu'apparamment
radical, le choix de situer les tours à ascenseurs a l'extérieur
de l'édifice est, sans aucun doute, celui qui respecte le plus sa
structure d'origine, car autrement, sa grande masse aurait détruit
la structure des diaphanes corridors intérieurs. En outre, s'ils
elles avaient été placées dans la cour centrale, elles
auraient modifié un ensemble architectonique historiquement achevé.
Par contre, l'emplacement actuel des tours correspond à celui qu'auraient
occupé les galeries de circulation intérieure prévues
par Sabatini et qui s'étendaient perpendiculairement jusqu'à
la rue Atocha. Cela dit, mis à part le fait qu'elles sont fonctionnelles,
les tours ont une utilité supplémentaire, car elles communiquent
visuellement l'intérieur et l'extérieur, offrant à
la rue l'élan du musée, et permettant au visiteur d'apprécier
des perspectives urbaines inédites à ce jour, depuis un édifice
dont les fenêtres n'ont pas été conçues pour
regarder. On récupère ainsi une tradition madrilène
de miradors dans un édifice en briques très serrées.
Processus de réaménagement
Commencés en 1989, les travaux de réaménagement du
Musée National d'Art Reina Sofia, sont devenus l'un des ouvrages
d'architecture et d'ingénierie les plus modemes jamais réalisés
dans notre pays dans le domaine de la restauration d'édifices historico-artistiques.
Au total, il a fallu vingt-deux mois de travail ininterrompu, auquel ont
participé tous les jours plus de 400 personnes, comptabilisant ainsi
plus de 1 760 000 heures d'activité. On a utilisé plus de
5 millions de briques, 1 200 tonnes de ciment, on a creusé 28 345
mètres cubes de terre et on a démoli 10 389 mètres
cubes.
Les travaux de réaménagement,
réalisés par l'entreprise de construction Huarte, ont été
divisés en deux parties: d'un côté la construction de
trois tours en verre facilitant l'accès des visiteurs et des oeuvres
d'art dans l'édifice, et d'autre part, la restructuration intégrale
de ce dernier, qui a supposé le renforcement des sols et le déplacement
de murs, ce qui a permis de mieux tirer profit de l'espace, ainsi que l'ouverture
d'accès tenant compte de la nouvelle activité du centre, la
possibilité d'exposer des oeuvres sculpturales lourdes à des
étages plus élevés, et l'agrandissement de la zone
destinée au chargement et au déchargement des oeuvres que
le Musée abritera à l'avenir. La construction, voûtée
et dotée de murs d'appui, dessinée par Sabatini à l'époque
de Charles lll, n'a aucunement été changée. Suivant
la philosophie du projet architectonique de José Luis Iniguez de
Onzono et de Antonio Vazquez de Castro, on a été très
exigeant en ce qui concerne la propreté, la simplicité, et
la caractère fonctionnel des espaces
intérieurs, de façon à ce que rien d'autre que les
oeuvres d'art ne puisse attirer l'attention du spectateur.
Les architectes ont travaillé pour que le Centre soit un espace neutre
montrant ce qu'il renferme, et ce en différenciant bien la structure
de l'ancien édifice, et les éléments rajoutés
qui se distinguent par leur technologie moderne et leur caractère
léger et transparent.
Trois tours vitrées
L'évolution a été spectaculaire
et singulière, étant donné le problème de l'accès,
aux étages supérieurs, des visiteurs et des oeuvres d'art.
De par les caractéristiques propres à l'édifice et
l'impossibilité de construire des ascenseurs intérieurs, qui
en auraient transformé la structure d'origine, les architectes ont
envisagé de construire trois tours extérieures en verre, dont
deux d'entre elles symétriques, adossées à la façade
principale et destinées à la circulation des visiteurs, et
la troisième, disposant d'un monte-charge pouvant mener jusqu'au
4é étage des sculptures allant jusqu'à 5 000 kg.
Le design exclusif et innovateur des tours crée une séduisante
structure vitrée reposant sur un treillis métallique. Construites
de haut en bas, elles ressemblent à une plaque transparente sur laquelle
3 500 m2 de verre ont été fixés à l'ossature
en acier par 3 428 ancrages minuscules en acier inoxidable. La structure
centrale des tours, qui abritent les ascenseurs et le monte-charge, est
soutenue par des colonnes métalliques de 30 mètres de hauteur,
ancrées au sol. Chaque tour abrite trois cabines ayant une capacité
de 20 personnes chacune.
900 kilomètres de conduites intérieures
Un autre grand ouvrage réalisé dans le Musée National
a été l'implantation d'un long réseau de près
de 900 Km, y compris les tuyauteries, les conduites en cuivre et les conduites
de la climatisation.
On peut se faire une idée de l'envergure de l'opération à
la vue de la grandeur de l'ouvrage:
2 830 m2 d'évidage de flancs de voûte
pour y loger près de 31,5 km de conduits servant à distribuer
l'air conditionné, près de 800 kilomètres de conduits
en cuivre servant différentes installations électriques, de
sécurité et de climatisation, et quelques 31,4 kilomètres
de tuyaux de différents diamètres destinés aux écoulements,
à la plomberie et à l'air conditionné. Tout cela en
tenant compte de la difficulté résidant dans la manipulation
de murs d'appui de plus de deux mètres d'épaisseur et construits
en brique pleine et dure. Ce long réseau doté de services
modernes est contrôlé par un puissant ordinateur central circulant
à travers une galerie intérieure et concentrique cernant tout
le Reina Sofia Le. Centre est ainsi devenu un édifice intelligent
dont le système nerveux informatique maintient, à l'aide d'une
série de senseurs, le degré de température et d'humidité
convenable, choisit l'éclairage approprié pour chaque enceinte
d'exposition, met en marche les alarmes de sécurité et s'autogère
en tout ce qui concerne le fonctionnement du système, détectant
même les éventuelles pannes.
Sécurité
Avec 4 000 senseurs, 98 caméras et une console centrale intelligente,
on peut dire que le Musée National Centre d'Art Reina Sofia est techniquement
le musée le plus sûr d'Europe.
Politique d'Expositions
La politique d'expositions du Centre à pour but d'offrir au public
un programme équilibré dans lequel l'on puisse trouver des
références concernant aussi bien les tendances historiques
internationales que le parcours de l'art espagnol au cours de ce siècle,
et ce en combinant ce genre d'expositions avec d'autres dont le but sera
de montrer l'oeuvre d'artistes internationaux actuels, ou de permettre à
des artistes espagnols ou étrangers, de réaliser des projets.
Le programme pourrait être divisé de la manière suivante:
- . Expositions historiques.
Expositions, essentiellement à caractère international,
passant en revue l'art du XXe siècle ou l'une de ses tendances. Elles
seront ouvertes au public durant de longues périodes.
- . Révisions de l'art espagnol.
Dans cette section, on passera en revue l'art espagnol entre 1945 et
nos jours, s'agissant principalement d'expositions individuelles à
caractère rétrospectif.
- . Artistes internationaux actuels.
Comprenant l'oeuvre d'artistes internationaux consacrés ou simplement
de prestige, d'après une vision pas nécessairement anthologique
de l'oeuvre.
Ce chapitre permettra à des artistes espagnols et étrangers,
de réaliser des projets d'installation. C'est le chapitre destiné
à recueillir la toute dernière création actuelle.
Outre ces grandes lignes, la politique d'expositions prévoit une
autre nouveauté: la création, au troisième étage,
d'un espace consacré en permanence à l'exposition de travaux
sur papier. Cette oeuvre recueillera le dessin, la gravure et, à
l'occasion, la photographie. La création de cet espace se justifie
par les conditions spéciales nécessaires à la contemplation
et à l'exposition de travaux sur papier: un espace plus intime doté
de conditions de lumière et de climatisation spéciales. La
direction du Musée souhaite ainsi revendiquer le rôle du dessin
dans la création plastique. Alors qu'en Espagne le dessin et la gravure
ont traditionnellement été considérés comme
étant une oeuvre de moindre importance, il n'en reste pas moins que
c'est grâce à ce milieu que bon nombre d'artistes ont fait
preuve d'une plus grande expérimentation, la contemplation du dessin
étant parfois un élément nécessaire à
la compréhension de son évolution. La programmation de cette
salle sera généralement indépendante, sans pour cela
exclure, à un certain moment, une programmation paralléle
à quelqu'autre du reste des expositions proposées par le Centre.
|