Musée des Beaux-Arts de Nantes

 

 MOULENE / SALA - SAO PAULO 2002 - NANTES 2003

Le Musée des Beaux-Arts de Nantes présente du 25 octobre 2003 au 1er février
2004
une exposition consacrée aux deux artistes Jean-Luc Moulène et Anri
Sala, invités à la XXVème Biennale de Sao Paulo en 2002.

 

JEAN - LUC MOULENE
Trois oeuvres de l'artiste français Jean Luc Moulène sont montrées dans
l'exposition :

LA VIE, L'AMOUR, LA MORT
a été produite en 2002 par Jean Luc Moulène pour la Biennale de Sao Paulo.
Inédite en France et récemment acquise par le Fonds national d'art
contemporain, cette oeuvre a été présentée également au Museo de Arte
contemporaneo de Santiago de Chile ainsi qu'au centre d'art Programa à
Mexico City.


Elle s'articule en deux volets :

* Une série photographique où l'artiste pose la question du rapport OEUVRES
/ EVENEMENTS
. A travers l'accrochage linéaire de trente images
photographiques, extraites du Journal impersonnel, l'artiste examine le
couple icône - économie. Il explore un réalisme de type documentaire, élargi
aux signes et aux produits de la société post-industrielle. Sa démarche se
fonde sur une interrogation tant du statut de l'image, telle qu'elle est
ordinairement exploitée dans les médias, que dans ses modes de production et
de distribution.

* Quelques mètres cubes « témoins » de l'édition spéciale du grand quotidien
brésilien VALOR qui reproduit au format ces mêmes trente images, pose la
question de la concurrence et de l'équivalence entre INFORMATION ET PRODUITS
(à Sao Paulo, il s'agissait de 100 000 exemplaires).
A Nantes, le principe est « réactivé » par la production d'une édition
spéciale du quotidien régional OUEST FRANCE. Reprenant la question de
l'équivalence, Jean-Luc Moulène a choisi dans son Journal impersonnel une
nouvelle série de 32 images, intitulée HONI SOIT. Mise à la libre
disposition du public, cette édition spéciale diffuse les images de
l'artiste, et crée « le plein, la masse » face à la discrète présence des
oeuvres originales exposées.

LES OBJETS DE GREVE
Une quarantaine d'images photographiques représentent des objets produits
lors de grands mouvements de grève et de tentatives d'appropriation des
outils de production par les producteurs eux-mêmes (ouvriers, artisans) : la
célèbre montre LIP, fabriquée par les ouvriers grévistes lors de la
fermeture définitive de l'usine, un paquet de cigarettes Gauloises de
couleur rouge, une carte du métro parisien légèrement modifiée etc...
Rien ne semble distinguer a priori ces objets de l'ordinaire de notre
univers quotidien. Et pourtant, objets subversifs, fabriqués par les
ouvriers « seuls », ils démontrent le caractère superflu voire la vanité de
l'encadrement. L'extra-ordinaire provient des circonstances ou des
intentions de fabrication de ces objets. Ces objets sont des faux, des
contre-façons quasi parfaites, des fac simile dont certaines proclament
ouvertement le détournement dans une expression duchampienne.

 

Jean Luc Moulène est né en 1955 et travaille à Paris. Il a été invité dans
de nombreuses manifestations internationales d'art contemporain, et en
particulier à la Documenta de Kassel en 1997, à la Biennale de Sao Paulo en
2002 et à la Biennale de Venise en 2003. Il situe son travail entre Beaux
arts (photo-oeuvre), textes (photo-document) et médias (photo-moyen de
communication). En s'infiltrant dans les réseaux de diffusion où
s'imbriquent l'information et le pouvoir , l'artiste traque le réel comme
ont pu le faire des générations d'artistes, en quête d'outils infaillibles
d'appropriation de l'imaginaire et des pratiques sociales, pour produire des
alternatives poétiques.

 

ANRI SALA
Trois des quatre oeuvres de ce jeune artiste albanais présentées dans
l'exposition ont été montrées à Sao Paulo, puis à Mexico-city et à Santiago
de Chile :

BLIND FOLD est une production audiovisuelle, réalisée au cours de l'hiver
2001 en Albanie. Elle est constituée de deux plans séquences filmés dans
deux villes albanaises, projetés simultanément sur deux écrans. La bande
son, complexe, a été réalisée lors de la résidence de l'artiste à Sao Paulo
en 2002, en collaboration avec le musicien-compositeur brésilien Wilson
Sukorski. Ici, Anri Sala permet, par le biais d'une dualité sonore et
visuelle, de se pencher pour un moment donné, sur une autre réalité
temporelle et géographique.

Dans la video NATURAL MYSTIC réalisée en 2002 (Tomahawk 2), Sala a filmé à
Belgrade un musicien dans un studio d'enregistrement, recréant avec la voix
le son des tomahawk, lancés sur une ville que l'on ne voit pas. Tout comme
dans Blind Fold, cette oeuvre documente, en réincarnant leurs apparitions,
des phénomènes de transformation du tissu urbain. Ces deux pièces
travaillent sur l'inscription d'une impression visuelle et sonore.

L'oeuvre intitulée ARENA, tournée en 2001 à Tirana, sa ville natale, montre
le Zoo de Tirana, en proie à la mutation urbaine, inexorablement envahie par
la ville.

UOMO DUOMO, cette oeuvre, réalisée en 2000 et présentée à la Biennale de
Venise en 2001, montre un homme en train de dormir dans la cathédrale de
Milan, sous l'oeil indifférent des touristes. On ne sait rien de lui, ni de
son histoire, ce qui facilite l'indifférence à son égard et en même temps
lui confère un caractère universel.

 

Anri SALA est né à Tirana (Albanie) en 1974. Il vit et travaille à Paris. Il
a été invité en 2002 à la Biennale de Sao Paulo et en 2003 à la Biennale de
Venise. Son travail fait appel à la mémoire et à l'identité. Ce qui prime
dans son oeuvre, c'est la conscience de ce qui se passe autour de nous. La
caméra met en jeu l'expérience d'une rupture totale avec une normalité
sociale établie et la phase d'incertitude qui en découle. Les univers
paraissent souvent bruts et obstinés en raison du caractère incomplet de
l'image. En prenant de la distance avec l'émotion et la narration, ils
finissent par se présenter comme autonomes.

 

PUBLICATION :
Le catalogue du projet Moulène / Sala, édité pour la Biennale de Sao Paulo,
sera disponible à la librairie du Musée des Beaux-arts de Nantes pendant
l'exposition. Il réunit les textes de critiques, historiens, écrivains,
sociologues et artistes internationaux, parus chaque semaine dans le
supplément culturel du journal VALOR, pendant la durée de la Biennale de Sao
Paulo, sous le titre VISTA CANSADA 1.10 à 10.10 .