A partir de 1997, le musée Picasso d'Antibes propose au public, parallèlement aux expositions historiques régulièrement organisées au Château Grimaldi, les oeuvres de jeunes artistes. |
Pierrick Sorin inaugure cette programmation. Six pièces seront présentées
dont une créée à l'occasion de l'exposition. Elles
donneront un aperçu de l'ensemble de cette oeuvre depuis la fin des
années 80 jusqu'à aujourd'hui. C'est en 1987 et 1988 que Pierrick
Sorin réalise une série de courts " autofilmages ".
Seul sous l'unique regard d'une caméra Super 8, il dévoile
des instants - parfois très intimes - de sa vie, sous forme de petits
récits faussement naifs et particulièrement ironiques où
l'humour se mêle à la gravité. A partir de 1989, il
se tourne vers la vidéo. Il réalise des installations à
caractère narratif. Toujours par la pratique de l'autofilmage, il
exprime la profonde lassitude d'un être dont la vie semble n'être
remplie que par l'accumulation d'actes manqués, par la répétition
de gestes dérisoires et parfois pervers. Ce travail, qui provoque
souvent le rire, relève cependant d'une philosophie du doute absolu
qui n'épargne pas le monde artistique. |
Très vite remarqués pour leur pertinence, leur caractère
dérangeant et leur force émotionnelle, ces petits films font
aujourd'hui de Pierrick Sorin un des artistes vidéo les plus intéressants
de sa génération. |
" Sorin ne se contente pas de reprendre la seule question de la peinture: il interroge la sculpture et son statut dans un propos qui ne manque pas lui aussi d'être agité. Tout commence par de saccadés parcours circulaires autour de sculptures précisément, plantées dans la nature et ses jardins (De belles sculptures contemporaines). Tout commence par la reprise au pied de la lettre et grandeur nature de la définition de cette discipline (une sculpture, c'est ce dont on peut faire le tour, comme on dit) que Sorin proclame à haute et intelligible voix, déclame telle une antienne, tandis que son corps exécute au pas de course cette définition (in)contournable. Or rien n'est plus abrutissant que les formules canoniques de l'art et de son histoire, rien n'est plus accablant et assommant que la reprise en cercle fermé, close sur elle-même, des évidences esthétiques éternelles. Résultat: le sujet éreinté sombre au pied de son objet sans en avoir épuisé les contours, et fini enseveli par les effets répétitifs de ces définitions académiques. |
Narcisse-Sorin ne pouvait pas succomber autrement: achevé par une
histoire de l'art dont il aura essayé d'être le visage inaugural
(l'enfance de l'art dans sa simplicité absolue, quasiment angélique)
et le trublion énervé (une sorte d'enfant terrible, sur l'écran
télévisuel, du spectaculaire contemporain). Surtout il ne
pouvait pas ne pas assumer la logique circulaire Jusqu'à son terme
(et peut-être, comme Narcisse lui-même dans la légende,
l'amener jusqu'au bout de son ordre de mort, ou en tout cas, comme semble
l'indiquer cette saynète, jusqu'à sa logique d'ensevelissement
à perpétuité de celui qui l'éprouve). Mais dans
cette logique, Narcisse enseveli, englouti par la puissance hypnotique de
son regard, a ignoré ce que Sorin n'a de cesse de produire: un mouvement
du corps secoué par le burlesque d'une situation, un rictus incontrôlable
qui déforme la placidité figée d'un visage, et la petite
énergie vitale qui jamais ne pourra abandonner le rire ". Thierry Davila |
" éveils " 1988, vidéo " L'incident du bol renversé " 1993, installation vidéo "Dance with me ",1996 , installation vidéo " Un spectacle de qualité " 1996, installation vidéo et matériaux divers "Artiste au travail ", (titre provisoire) 1997, installation vidéo inédite |