Zao Wou-Ki - 10/01/91 - 130 x 162 cm
ZAO WOU-KI, l'homme à la double culture Comme beaucoup de créateurs du xxe siècle, Zao Wou-Ki a quitté son pays pour s'installer dans une capitale étrangère. Arrivé en France en 1945, il se confronte à des artistes comme Giacometti, Nicolas de Staël ou Pierre Soulages " Si l'influence de Paris est indéniable dans toute ma formation d'artiste, je tiens aussi a dire que j'ai graduellement redécouvert la Chine, à mesure que ma personnalité s'affirmait. Dans mes toiles récentes, elle s'exprime d'une manière innée. Paradoxalement, c'est à Paris que je dois ce retour à mes ori-gines profondes".
Cette invitation à l'errance de l'homme changeant de pays, de paysages, témoigne de cette volonté de recueillir l'allusion chinoise et le lyrisme occidental. Cette quête existentielle est visible à travers l'ensemble de l'oeuvre de Zao Wou-Ki et apporte ainsi des variations illimitées "J'improvise seulement a la première démarche qui entraîne une suite d'autres démarches... Mais j'aime aboutir à une toile où l'on croit voir quelque chose et rien".
Influencé â ses débuts parisiens par Paul Klee, Zao Wou-Ki rejoint les plus grands dans cette discipline comme Soulages, Vierra da Silva et Riopelle. L'oeuvre peint s'articule autour de plusieurs "saisons" où s'alternent la fulgurance des rythmes et l'accomplissement chromatique.
La liberté de l'encre sur la feuille de papier témoigne du retour de la tradition chinoise dans l'oeuvre de Zao Wou-Ki. C'est aussi l'affirmation de la personnalité de l'artiste â travers ses racines et sa pluralité. "L'essentiel est de créer quelque chose, de créer un espace propre." Cette citation de l'artiste reflète bien cette ouverture d'esprit.
Les techniques de l'eau forte, de la lithographie,
enthousias-ment Zao Wou-Ki qui s'y consacre À partir de I 949 pour
son oeuvre et pour illustrer les recueils de ses amis écrivains ou
poètes Henri Michaux, René Char, André Malraux, Claude
Roy..... Les signes constituent bien évidemment sa culture d'origine.
Zao Wou-Ki renoue ainsi avec "un univers plus large (que la nature);
de multiples espaces enchevêtrés y prennent un sens cosmique
où circule l'air, le souffle de vie... Cette quête existentielle pour "atteindre le
silence", selon le mot parfait de Georges Duby révèle
combien le peintre reste empreint de l'encestrale tradition du "vide"'
chargé, dans la peinture et la poésie classiques orientales,
d'un espace immanent." M. Daniel MARCHESSEAU - Conservateur en Chef
du Musée des Beaux-Arts de Paris. |