L'oeuvre de Duprat se déploie
depuis 1980 sur toutes sortes de supports et du plus petit au
plus grand format. L'artiste en contrôle régulièrement
le développement au fur et â mesure de la publication
d'un catalogue raisonné, dont le troisième volume
vient de paraître, et dont le projet a largement motivé
la mise en chantier de nouveaux travaux. Roland Recht y dresse
justement un portrait mélancolique de l'artiste qu'il
conviendrait d'accrocher entre la bibliothèque, l'atelier
et le cabinet de curiosités. Si, en effet, la production
de Duprat s'est faite assez parcimonieuse pendant quelques années,
son oeuvre n'en est pas moins fortement marquée par la
manie du collectionneur de livres, de pierres, de curiosités
naturelles, d'oeuvres d'art (les siennes et celles d'autres artistes,
obtenues par voie d'échanges) et enfin d'observations
diverses, comme celles qu'il a pu faire jadis en archéologie. Une entité, oui qui, additionnée à
d'autres entités, constitue l'un des chapitres d'une encyclopédie
subjective à poursuivre et dont le but rejoint celui de
la collection. D'où cette apparence d'éclectisme,
peut-être, et surtout ce sentiment que ce qui est fait
est fait, qu'il n'y a pas lieu d'y revenir, quelle que soit la
reproductibilité de chaque oeuvre. La plupart de ces sculptures
recourent justement à des techniques artisanales éprouvées
et à forte connotation décorative, comme la marqueterie,
qui parcourt tout le catalogue de Duprat : des oeuvres L'idée d'une collection, ainsi conduite, et c'est l'ironie de cette aventure, confine à la chimère du chef d'oeuvre inachevé. Et elle s'accorde, en lui faisant suite, avec cette conception mythologique de l'atelier d'artiste, à laquelle Duprat s'est accroché obstinément jusqu'au spectaculaire plan de béton incliné qu'il présenta à la Biennale de Lyon 1991, et où, reprenant la méthode et la technique déclinées dans plusieurs de ses installations, la figure de l'atelier cesse d'être explicitement scandée. Jusque-là, et même s'il évolue, de la
représentation photographique, allégorique à
l'axonométrie, l'atelier, Frédéric PAUL
1)
(détail) Coupé-cloué,
1991-94, bois et clous de laiton, chaque 500x50x50cm. 2) Le Pire, 1996-98, Musée Picasso, Antibes, Ph. C. Germain |