Richard Baquié est né à Marseille en 1952. Il est diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Luminy, où il a suivi l'enseignement de Toni Grand. Il s'est ensuite rapidement imposé comme l'un des meilleurs artistes de sa génération. Son travail peut être abordé selon trois critères : le déplacement de sens, l'utilisation quasi systématique de mots ou de phrases, et l'efficacité des images fortes. Il est mort à Marseille le 17 janvier 1996.
Le déplacement de sens qu'il opère est celui de la société du bien-être. Il agit aussi bien sur les mots que sur les objets. Il utilise pour cela tous les résidus de consommation courante ou industrielle. Le déplacement de sens est aussi celui du temps qui permet l'expérimentation de chaque chose. Les mots ou les phrases sont au cur de chaque dispositif. Ils sont le lien entre le matériau et l'image pour donner sens à la sculpture. La poésie urbaine de ses énoncés côtoie l'ironie de ses grandes enseignes publicitaires. Des images efficaces naissent de son travail. Elles sont la rencontre de nos propres clichés et de son regard intime, de ses projections. On pourrait les qualifier de cinématographiques par la synthèse des mots et des objets, le format, la mise en scène caractérisant ses installations et la référence à l'esprit de la Nouvelle vague.
Le propos de cette exposition est de représenter pour la première fois, dans une exposition rétrospective un ensemble d'uvres qui donnent une vision complète du travail de Richard Baquié. Aux côtés de travaux jamais exposés à ce jour et de dessins, figurent des uvres bien connues du vivant de l'artiste.
Jack Pierson photographie son univers intime, américain et marginal. Les hôtels, les chambres à coucher, les amis, les jardins, la plage, les fleurs. Tous ces sujets sont traités dans des couleurs apaisantes. Partant de ce qui lui est le plus familier, il réalise des images proches des stéréotypes romantiques. Ses sculptures sont de deux types : d'une part, il rassemble des lettres d'enseignes abandonnées, à partir desquelles il réécrit des mots du vocabulaire amoureux ; d'autre part, il crée de véritables environnements tirés de son propre univers, celui d'une bohème américaine. Des supports moins présentés, comme le dessin et la peinture sont aussi le moyen pour cet artiste de penser l'être humain dans l'irréductible multiplicité de ses sentiments. La réflexion sur le cliché et la nécessité de réintroduire la personne humaine dans sa dimension sentimentale, propre à l'art des années 90, caractérisent l'oeuvre toute entière de Jack Pierson. L'exposition du capcMusée d'art contemporain présentera un ensemble de photographies illustrant la thématique des vanités et des fleurs (natures mortes végétales et domestiques), l'utilisation du cliché dans les portraits, en référence à l'univers des stars du cinéma, rythmé par les mots tendres de ses sculptures murales.
Niele Toroni réalise ce qu'il a appelé un "Travail-Peinture" qui se présente sous l'aspect d'empreintes de pinceau n° 50, répétées à intervalles de 30 cm et disposées en quinconce. Ce travail est apparu pour la première fois en 1967, dans le cadre des manifestations du groupe BMPT fondé, entre autres, avec Daniel Buren, Comme chez ce dernier, chaque projet est déterminé par le site et révèle les qualités de l'espace où il expose. Mais Toroni insiste sur l'acte de peinture que représente ce marquage régulier effectué au pinceau. Niele Toroni est né en Suisse en 1937. Il vit à Paris.
L'architecture monumentale de la Grande nef de l'entrepôt a toujours été un lieu d'intervention spécifique et exceptionnel pour les artistes. Qu'elle soit traitée comme un support qu'il faille plier à une logique décorative, ou qu'elle soit considérée comme un espace révélé par le dispositif sculptural ou pictural que l'artiste y impose, toutes les solutions de dialogue ou de confrontation peuvent être envisagées. Ces solutions, ces propositions sont un enjeu particulièrement créatif pour l'uvre d'un artiste. C'est dans cet esprit que nous avons demandé à Niele Toroni, dont le travail/peinture est susceptible de se prêter à ce type d'exercice, d'accepter la sollicitation du lieu pour y déployer en toute liberté l'empreinte aérienne de son pinceau.
Il a défini ainsi son projet : "capc : une place pour les Quinconces, Bordeaux, un choix de rouges".
Tony Oursler est né en 1957. Il vit à New York. Il construit depuis le début des années 80 un univers théâtral, aux formes plastiques puissantes, qui se caractérise par l'utilisation de systèmes vidéos extrêmement perfectionnés.
Le théâtre est au coeur même de son oeuvre. Les personnages mis en scène sous des formes différentes sont toujours les acteurs de scénarios parlés qu'il écrit lui-même. Que ce soient de petites poupées de chiffon, de grands personnages au corps étroit réduits aux seuls vêtements, ou des bouquets de fleurs cachant un visage, tous ces personnages renvoient aux psychoses du quotidien, aux scènes de ménage dramatiques, à des situations ubuesques, bref à la banalité des drames de la vie. Tony Oursler réalise pour le capcMusée d'art contemporain un projet spécifique auquel s'adjoindra une uvre réalisée pour le Musée National d'Art Moderne. Comme pour chacune de ses installations in situ, il écrit une véritable histoire, investissant les espaces les plus étranges pour y installer ses personnages. De l'entrée du musée, où une ampoule réagit aux sollicitations sonores, au fond d'une galerie, où un cube géant constitué de personnages hurle, le parcours sera semé de figures aux contours ronds, ou d'yeux suspendus dans l'espace. Ces héros de ce qui est presque une série télévisée hanteront de leur plainte les coursives du musée.