[Pavillon de l'Arsenal ]



"Le Béton à Paris"
...Le matériaux de tous les dangers...

Concepteurs invités
Bernard Marrey, Historien - Franck Hammoutène, Architecte,

 

 

Après le fer, la brique, le bois et le verre, arrive le petit cinquième, dernier-né de la famille des matériaux au Pavillon de l'Arsenal.

En regard des précédents, vieux de plusieurs siècles, sinon de millénaires, le béton armé n'a qu'un siècle, et son cadet précontraint est un fringant quinquagénaire. C'est aussi qu'a la différence de ses concurrents, il est une technique plus qu'un matériau. Sa résistance et son aspect dépendent autant des dosages de sa composition (argile, calcaire, eau, sable, gravier) que de la façon dont "la mayonnaise est montée" liquide, bientôt pâteux, il devient solide, et même très solide, tout en gardant sa plasticité. Il est le matériau de tous les possibles et de toutes les formes.

Il a permis la révolution de la modernité en architecture dans les années 1920, libérant la répartition des pièces de la contrainte des murs porteurs, des murs rectilignes, des murs pleins ou presque, permettant au contraire des façades largement vitrées, des volumes arrondis, déhanchés, pas nécessairement superposés. La crise économique des années 1930 a contraint les constructeurs de logements a réduire massivement les coûts et donc a industrialiser. Compte-tenu de son aptitude a se couler dans n'importe quelle forme, le béton fut le matériau idéal des bâtiments moulés "a la chaîne", sinon "à la grue", pendant les années 1950 et 1960. Le manque d'argent, la volonté de faire vite alors que les besoins étaient immenses, le manque d'imagination aussi, ont donné du béton une image négative.

Les constructeurs en ont pris conscience : les cimentiers ont mis au point des compositions nouvelles, les entreprises ont mieux soigné sa texture, et les architectes ont fait preuve d'imagination dans sa mise en forme.

Le béton de cette fin de siècle, c'est le béton poli de Peï qui rencontre la pierre du Louvre et celle de l'enceinte de Charles V, sans essayer de l'imiter ni de la remplacer. C'est une façade de béton brut qui vient comme un repère marquer un quartier de faubourg parisien.

Matériau de toutes les formes, indispensable a la construction, souvent caché, le béton rime avec innovation et surtout avec avenir. Il est dans le champ de tous les possibles, c est aux architectes, aux ingénieurs, aux maîtres d'ouvrage, aux fabricants de faire du béton, le matériau du prochain millénaire. Il possède pour demain une vertu révolutionnaire, celle de pouvoir aider l'architecture à évoluer.

Bernard Marrey

 

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