[Espace Photographique Contretype]


Angel Marcos


© Angel Marcos
"Le chien (Galgo) pendu"

 

1) Les lieux de prises de vues des photographies ont - ils une signification particulière? Qu'est ce qui vous a inspiré ce choix ?

Les endroits où ont été réalisées les photographies de la série "Paisajes" se situent dans un rayon de 30 km autour de Medina del Campo, village situé dans la province de Valladolid, au coeur de la Castille.
C'est dans cet environnement que j'ai passé mon enfance, et j'ai continué à parcourir ces lieux de manière habituelle durant toute ma vie.
Cet espace géographique est donc un lieu d'évasion propice à la méditation et la réflexion mais également la référence affective pour mes enfants et pour ma relation de père.

2) Vos photographies de paysages sont- elles réalistes ou pratiquez -vous des mises en scène?

La réalisation des photographies de la série "Paisajes" a été élaborée sur base de deux critères. D'abord une composition très méticuleuse de la prise de vue en prenant le paysage comme base au contenu. C'est l'aboutissement d'expériences et de sensations personnelles suscitées par la réflexion sur la pauvreté, la fragilité des choses, la mort et les normes de vie qu'elle engendre qui déterminent le choix du lieu.
Ensuite dans cette recherche systématique de scènes réalistes ,je peux enlever ou ajouter des objets.

3) Les objets qui apparaissent dans vos photographies et les associations d'images, ont - ils un rapport symbolique avec la culture de votre région?

Les objets qui apparaissent dans les photographies ont un lien fondamental avec mon expérience de vie, bien que je les utilise pour le pouvoir de persuasion intense qu'ils contiennent en mobilisant les sentiments possibles du spectateur.
Je crois que ce sont des objets et des actions facilement reconnaissables, acceptés visuellement de manière universelle.

4) Les photographies sont présentées dans des caisses en bois, à la fois déposées sur le sol ou accrochées au mur. Cela nous rapproche de la sculpture et de l'installation. Quel sens donnez vous à cette façon de présenter les images?

La présentation des photographies dans des boîtes affirme l'idée de photographie - objet. De plus "Paisajes" est conçu comme un voyage à travers les régions géographiques de mon enfance, comme un voyage intérieur me référant à l'objet arfistique.
Envisagées de la sorte, les caisses sont des valises ou des étuis qui peuvent être ouverts ou fermés, impliquant également une action volontaire en faveur du souvenir.

5) Pouvez - vous raconter l'histoire de la photographie où apparait un chien (un galgo) pendu?

En Castille et dans d'autres régions, le galgo est un chien de chasse au lièvre ou de course de vitesse.
Dans la chasse au lièvre, il y a des championnats qui ont beaucoup de succès actuellement. Parfois, quand le galgo est trop vieux, qu'il n'a pas courru de manière satisfaisante, qu'il se casse une patte ou quand dans les courses de championnat il prend un raccourci et ne suit pas le lièvre, (ce qui est un signe d'intelligence), il est pendu.
C'est une pratique qui tend à disparaître lentement.
Pour prendre cette photographie, j'ai cherché des chiens pendus pendant le mois de décembre, car je savais que c'était une période de chasse. J'ai travaillé avec des associations de protection animale.
J'ai reperé un galgo qui gisait mort au pied du pin auquel il avait été pendu. Je l'ai rependu parce que la lumière et le cadre du paysage m'intéressaient.
A côté de l'aspect brutal de la scène, cette photographie est une réflexion sur l'utilité : un animal qui vît avec toi chaque jour, avec qui tu as chassé et pris du plaisir, quand il ne te sert plus ou ne répond plus à tes exigeances, tu le tues.

 

Propos échangés par fax entre Jean -Louis GODEFROID et Angel MARCOS.