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«Berlin n'a jamais été pensé comme un tout, il n'a été pensé qu'en fragments » Dans ses photographies, Frank Thiel se concentre sur le temporaire et le transitoire. C'est un point focal qui se reflète dans sa vie. Né dans une banlieue verdâtre dans le Berlin de l'Est de l'ancienne République Allemande, il a été prisonnier politique déjà à l'âge de 19 ans. En 1985, sa liberté étant achetée sous un accord entre les deux Allemagnes opposées, Thiel a traversé le mur pour se rendre de l'autre côté à Berlin de l'Ouest. «Ils m'ont acheté et je n'étais pas une commodité reconnaissante», se rappelle-t-il. «Ils savaient exactement ce qu'ils recevaient. » Même aujourd'hui, son statut de citoyen et son identité restent provisoires- il est largement un cosmopolite déraciné, et donc un sceptique archétype. Après avoir fait des images qui capturaient l'échelle des rnonuments en disparition dans le Berlin de l'Est, il crée à cette même échelle des portraits d'officiers appartenant aux pouvoirs de partition de la ville. Berlin a été reconstruit quatre fois et détruit deux fois pendant ce siècle; telle est l'histoire spatiale de cette ville. C'est une histoire qui entrecroise et lie l'espace des gens, de la politique, la culture et l'économie -avec chaque nouvelle génération, un nouveau Berlin. Les images de Thiel ne portent pas de titre, ni noms de lieux, de région, de marques géographiques. Elles sont simplement numérotées. Le numéro est un moyen démocratique de titres les oeuvres, mais peut-être plus que ça, il capture ainsi le flux d'identité associé avec Berlin, une ville prise dans un état perpétuel de devenir. Car ce sont des sites qui existent avec le seul objectif de devenir un bâtiment. Dans un sens réel ce ne sont des non-sites et même pas des lieux. De telles images portent un trait poétique pris dans le cadre des lignes de ces structures lourdes. Ses photographies présentent le chantier dans son état intermédiaire où les attentes sont suspendues. Comme les chantiers, ses images ne montrent pas tout à fait ce qu'il y avait avant, ni donnent à soupçonner exactement ce qui va venir. A la place, elles sont la célébration du provisoire, le temporaire, le transitoire et le définitivement inachevé. Pour Thiel, le premier pas vers la réalisation d'un projet photographique n'est jamais visuel. Il commence par la recherche et l'étude. «Je travaille sur un sujet pour avoir les choses claires dans ma tête», il explique. «Plus tard j'essaye de trouver une traduction visuelle du processus d'apprentissage que j'ai vécu. » A travers l'auto-construction de ces sites, ses images reflètent la «capitale fictive» qui sert comme fondation de l'identité de Berlin. Willkommen in Berlin. Frank Thiel est né en 1966 à Keinmachnow près
de Berlin (Berlin de l'Est). Il vit et travaille à Berlin
de l'Ouest depuis 1985 (aujourd'hui Berlin). |