[Galerie Anne de Villepoix]


 Franck Scurti

Dirty car


Depuis 1991, prenant acte du fait que l'on parle d'art et de non-art, de signes fonctionnels et de signes esthétiques, Franck Scurti développe à travers une série de propositions plastiques une réflexion sur la nature de l'objet dans la société contemporaine. Dérivés de notre univers quotidien, de l'espace urbain et domestique, ses objets se situent à la marge des pratiques artisanales et industrielles. La démarche de Franck Scurti porte sur l'image, le statut et le fonctionnement de ces objets.

Dans Sans Titre (1996), une proposition pour l'espace urbain, il détourne la forme classique de la plaque d'égout traditionnelle, en s'appuyant sur le motif d'un décapsuleur de canette de bière. L'efficacité visuelle de son agrandissement renvoie à une certaine forme de liberté. Elle agit également comme le révélateur de certains fonctionnements spécifiques de l'espace urbain. En situation, elle doit rendre perceptible l'ensemble des composantes de cet espace: l'environnement immédiat comme le sous-sol - fondement de la ville dans lequel s'évacuent les déchets qu'elle produit.

City Snake (1997) est constitué d'une série de barres conçues à échelle humaine, fonctionnant sur le principe d'une répétition modulaire. Les barres - sortes de limites indéterminées et déplaçables dans l'espace - sont réalisées à partir de canettes assemblées verticalement, puis présentées au mur dans un étui en peau de serpent. Ici, l'homme ne serait plus la mesure de toute chose. Les choses donnent la mesure de l'homme. Tout en étant dissimulée dans le mode de présentation, la possibilité d'une extension spatiale de ces modules est suggérée par la peau de serpent.

Dirty Car se présente sous la forme d'une vidéo et d'une affiche. Dans la vidéo, une superbe Sunbeam des années 60 entre dans le champ de l'image puis s'arrête. Un homme sort de la voiture, tourne impassiblement autour d'elle pendant quelques minutes, et se met à lécher vigoureusement la carrosserie. Après quoi, il se tourne vers le spectateur, non seulement pour lui signifier qu'il se savait regardé, mais également pour le défier en lui renvoyant son regard.

En l'occurence, le spectateur n'est plus seulement voyeur. Sa présence génère le fétichisme extrême de la scène qu'il observe.

L'affiche est imprimée sous la forme d'un exemplaire unique. Partant de langages visuels existants, Franck Scurti interroge les moyens par lesquels l'objet, l'image et leurs modes de représentation construisent le sujet, et examine la manière dont le fétichisme et le voyeurisme se structurent et se perçoivent à l'image.