Présentées à la Documenta X de Kassel
en 1997, les images ont été diffusées à
l'occasion de cette manifestation sous diverses formes: 3000
affiches 3 x 4 m, motifs de nappes de restaurant, pages de journaux
et de magazines, cartes postales, télévision etc...
"chaque apparition appelant son usage spécifique
dans ce qui se nomme le domaine public " Par une "infiltration dans les réseaux de diffusion, où s'imbriquent l'information et le pouvoir, Jean-Luc Moulène tente de maintenir une expérience de l'altérité à l'endroit même où elle est mise en péril. Si comme il le remarque, "tout "objet photographique" est un produit", toute image photographique peut aussi se proposer, en tant qu'image publique, comme une réponse aux conventions visuelles de la publicité et une contre-effectuation de l'idéologie de la communication. "Le modèle de la communication, affirme Moulène, soutient une utopie fonctionnaliste, très puissante aujourd'hui, qui rêve un outil infaillible d'appropriation de l'imaginaire social et, par conséquent, de déterminations des comportements. A distance de ce modèle, il suffit peut-être de souligner l'écart entre l'outil et l'imaginaire, pour dégager des réalités poétiques effectives" "D'apparence simples et familières, les images
de Moulène recèlent une subtile complexité
formelle." Chacune de ces photographies étant articulées
sur l'espace public, "le plan de l'image présente
une figure organisée en volume" (axonométries
et interférences formés par des nervures de feuille,
des corps, des brillances, des pierres, etc). "Chaque figure
est raccordée à l'espace réel par un fond
monochrome, lui-même contaminé en retour par la
figure et le jeu de la lumière. La configuration interne
de chaque image dessine un réseau d'associations analogiques
et d'inflexions anthropologiques." |