[Galerie Sollertis]

 

Bernard Dufour



Bulletin de la galerie Sollertis N°51 Février 1997




Ce matin à l'atelier: mis de l'ordre et notamment dépunaisé tous les dessins des murs, et cet après-midi j'y suis revenu apportant le petit logiciel PB, Du vent, de nord ce matin, de nord-ouest maintenant. De ce que je vois par la fenêtre de l'atelier rien n 'est changé. Rien. Que de faire? Comment retrouver mon travail: comment dessiner, peindre et comment écrire? L'autre jour, en Normandie, dans une maison, pendant le petit déjeuner, avec mon thé je me goinfrais de confiture de mûres, quand soudain j'aperçois par terre à ma gauche sur le carrelage une petite flaque pourpre flanquée d'une goutte, Ah! ça alors j'ai laissé tomber de la gelée de mûres! je dis en me levant pour aller à la cuisine chercher de quoi essuyer, et les femmes protestent et m'empê- chent se précipitant, elles venaient dans l'instant toutes de comprendre qu'une des jeunes femmes qui était juste descendue de sa chambre dans un énorme tee-shirt en guise de chemise de nuit avait perdu une grosse goutte de sang menstruel nue sous son tee-shirt. Merveille, I'étrange fuite des femmes.

Extrait de LE TEMPS PASSE QUAND MEME, de Bernard Dufour, Christian Bourgeois
Éditeur, 1997, Paris.




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