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De vastes surfaces de lumière parfois stridente, élargies encore. Un monde suggéré par l'éclatement des formes entre le noir et le blanc. Une impression familière, industrielle : des pans d'édifices, structures métalliques imprécises, l'odeur du ciment. Des personnages incertains, leur propos est sans doute d'être juxtaposés, comme dans une solidarité de dernier recours, à l'oppression de la matière l'impossibilité biologique de se fondre dans un milieu inerte, qui ne respire plus - Si ce n'est par le battement sourd de l'ombre et de la lumière. Ici le noir et le blanc expriment avec force l'alchimie cachée du monde présent noir insidieux de l'inadéquation, de l'inorganique hétérogène - blanc irradiant de cette lumière que porte toute substance au plus profond, celle de sa destruction ultime. Mais la fusion de ces deux pôles ne produit que le reflet gris d'un malaise cynique et désabusé. Visages en attente d'une réconciliation pesante avec la modernité, cernés par l'aboutissement inégal du progrès - nostalgiques de la lutte formidable contre les éléments. Les espaces évoqués sont certes équivoques, mais ils sont universels. La photographie s'éloigne ici de la fonction simple de cliché du monde, elle s'impose en un questionnement existentiel, une proposition répétée qui suggère un sens. Si cette répétition jette le doute, indique une mise en scène calculée, rien n'exclut pourtant une saisie au vol de situations instantanées qui se présentent, nous le savons, à l'infini l'ancienne sensualité du monde vivant souvent a fait place à la dés-adéquation d'un univers trop concret, qui pèse sur l'âme. Il y aurait-il mise en scène, ce serait alors pour appuyer la réalité. Nous serions alors là où l'ambiguïté entre illusion et vérité souligne le statut de plus en plus troublé de l'image aujourd'hui. Les oeuvres sont présentées sans cadre, à bords perdus, tranchées en leur milieu par la section nette du métal. Objets suspendus, à vif, comme une prémonition contemporaine - le support sec et manufacturé renforce avec cohérence le propos de l'artiste. Peut-être le désir exige de s'approcher encore et encore, d'entrer au plus profond de l'image. Là, les grands pans de noir et de blanc s'imposent, prennent d'assaut tout le champ de vision. La matière est suave, complexe, on peut s'abstraire dans le mélange soyeux des opposés qui se pénètrent en des chatoiements subtils. L'oscillation est tangible, et le regard tout entier vibre à l'unisson de cette danse quasi atomique. Au coeur de cette sourde violence, il nous reste à
parvenir au plus loin de nos interrogations F.G. 05/1999
JEAN - CLAUDE PALISSE Né à Paris en 1951 où il vit jusqu'en
1970, année de sa venue à Bruxelles où il
étudie à 'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture
et des Arts visuels de la Cambre. Diplôme en 75. Maîtrise de Photographie de l'E.N.S.A.A.V. en 1980. Photographe indépendant depuis 1981, il est aussi enseignant
à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts visuels
de la Cambre (Bruxelles) depuis 1986. EXPOSITIONS PERSONNELLES
EXPOSITIONS COLLECTIVES (sélection)
COLLECTIONS PUBLIQUES Musée de la Photographie de Charleroi |