William KLEIN
" Tokyo" 1961 - 1987
© William Klein
Tokyo 1961
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Aux Indes rien à voir, tout à
interpréter, dit Henri Michaux. A Tokyo, je pensais: tout à
voir, rien à interpréter, je serais le Barbare à Tokyo.
Persuadé d'avance de ne pouvoir comprendre, ravi de ne pas devoir
essayer, je ne voulais surtout pas juger. Comme celui qui n'achète
pas, qui ne fait rien de mal, je regardais.
Les objets de la vie quotidienne au Japon sont les mêmes que chez
nous. Sans les Japonais nous ne serions pas dépaysés. Mais
il y a les Japonais. Ils mènent une double vie - la nôtre
et la leur. Parfois ils portent notre peau, parfois la leur. Parfois l'une
au-dessus de l'autre mais dans ce cas, la nôtre au-dessus de la leur.
- Les commerçants hollandais, qui pendant trois siècles
furent les seuls étrangers admis à vivre au Japon étaient
en mars 1962 convoqués la forteresse d'Edo. L'un des commerçants,
Engelbert Kaempher, écrivit: on nous pria de nous tenir debout,
de tirer notre manteau, de marcher, de nous complimenter l'un l'autre,
de danser, de sauter, d'imiter un homme ivre, de parler petit japonais,
de lire en hollandais, de peindre, de retirer et de remettre nos vestes.
Le Shogun Tsunayashi dissimulé derrière un paravent, les
observait. A notre tour d'observer les Japonais - moi dissimulé
derrière mon appareil de photos, vous, chers spectateurs devant
ces images.
W. K., texte extrait du livreTokyo Ed Delpire 1964 |
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