"Le 15 juin 1975, Pier Paolo
Pasolini abjure la "Trilogie de la vie", renonçant
ainsi à la paternité de ses trois derniers films.
Il remet en question tout le langage de son travail, décalé
par rapport aux changements anthropologiques et sociaux de son
public.
Revoir le langage, le renouveler radicalement à partir
des fondements, accepter des contraintes qui nous semblent insurmontables,
nous mettre dans la condition de ne pas connaître l'issue
de nos oeuvres et de nos actes; tout ça me semble inévitable
et d'actualité".
Les motivations qui ont poussé Pasolini à revoir
son langage avant la création de " Salo ou les 120
jours de Sodome " occupent une part centrale dans l'oeuvre
récente de Bernhard Rüdiger.
La réalité de l'expérience de l'oeuvre,
son rôle dans notre société sont des questions
qui poussent Bernhard Rüdiger à un développement
incessant des images. L'oeuvre dans son évolution se montre
inquiète et radicale. La question autour du rôle
de l'avant-garde, de sa liberté, de sa constante expérience
de l'existence est le point qui la place au centre d'une recherche
avancée. Le langage visuel est questionné et redéfini
à chaque nouvelle oeuvre.
A la galerie Michel Rein, Bernhard Rüdiger présente
deux oeuvres récentes : 4 cauchemars (4 photographies
cibachrome de 156 x 106cm et (Salo ?) sculpture en aluminium,
PVC et bois peint et argenté, 220 x 200 x 200 cm.
4 cauchemars (Salo?)
(Salo?) se présente comme un objet hors du temps,
sa forme pourrait laisser indiquer un accumulateur électrique
chargé d'une force inattendue, ou peut-être une
antenne qui enferme dans ses circuits internes des ondes insaisissables.
Maintenues par des structures industrielles, des formes abstraites
d'un matériau froid et fortement lumineux, sont transpercées
par des barres en aluminium.
La sculpture est en relation étroite avec l'horizon formé
par les 4 grandes photographies alignées au fond de la
galerie. Dans les 4 cauchemars, on peut reconnaître les
mêmes formes abstraites, mais qui, de couleur noire, semblent
absorber toute la lumière. Les quatre cibachrome reproduisent
des peintures sombres sur des tôles de métal, mais
l'ampoule jaune qui est suspendue exactement au centre de l'image
détourne l'attention.
La périphérie de l'image devient de plus en
plus présente et l'atelier de l'artiste se transforme
en paysage de maquettes, en horizon des formes abstraites.
Après l'exposition Stanze au Musée Fesch d'Ajaccio
(décembre 98-février 99) et l'exposition collective
au CREDAC Une légende à suivre (janvier-février
99), une exposition personnelle de Bernhard Rüdiger sera
présentée en novembre 1999 au nouveau centre d'art
la galerie à Noisy-le-Sec.
A l'étranger, une exposition personnelle est actuellement
visible à la galerie Scognamigilo & Teano de Naples.
A partir du 12 mai 99, une exposition personnelle lui sera consacrée
a la
Galleria d'Arte Moderna de Bologne. Ensuite Bernhard Rüdiger
participera
à l'exposition Mininalia à PS1 à New York
en octobre 1999.
L'exposition personnelle de Bernhard Rüdiger à
la galerie Michel Rein engage une série d'expositions
destinée à approfondir une relation avec des artistes
qui collaborent avec elle depuis son ouverture en 1992.
Ils ont en commun d'appartenir à une génération
qui accède à la maturité et à une
audience nationale et internationale justifiant un soutien permanent
pour accompagner son développement.
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