"Le port de Hambourg est le sujet des tableaux de Christoph von Weyhe, peintre d'origine allemande né à Halle en 1937. Ainsi, cet artiste s'inscrit dans la tradition des peintres paysagistes, qui de Bruegel aux impressionnistes, en passant par Guardi, Canaletto et Le Lorrain, ont été nombreux à représenter ces lieux de passage, de transit et d'échange que sont les ports. Max Beckmann, plus récemment a peint les ports de Nice, Marseille et Scheveningen; nous pensons notamment au grand triptyque symboliste de 1933 intitulé "Abfahrt" (Départ). Retrouvailles ou adieux, sensations d'inconnu, d'angoisse ou d'espérance, les sentiments et les émotions associés à l'ambiance portuaire en font un lieu privilégié pour l'imaginaire du peintre. Traditionnellement voué à la construction navale, le port de Hambourg est un lieu de travail et de création. C'est ce que reflètent les tableaux de Christoph von Weyhe qui nous présente un monde industriel où l'homme disparait derrière l'environnement mécanique. L'univers de Christoph von Weyhe rejoint ici celui des "Constructeurs" de Fernand Léger. La figure humaine, qui a fait son apparition dans ses oeuvres les plus récentes, est à l'image de ce travail de peintre obstiné et consciencieux dont on retrouve le caractère dans la touche précise et répétitive, fines hachures qui couvrent la toile: travail qui se perd dans la globalité -noir sur noir - d'un projet plus ambitieux où le geste est mécanique, la mémoire sélective et le souvenir coloré. Comme les romantiques, Christoph von Weyhe hésite entre l'image fidèle et le paysage recomposé qui traduit un état d'âme. Régulièrement, il se rend à Hambourg pour y faire sur le vif et à l'aquarelle des esquisses très précises. Les tableaux réalisés à Paris sont au contraire le résultat d'une construction pensée, composition guidée par le rythme du clair obscur, la division nette du noir et du blanc, la lumière blanche et rougeoyante qui éclaire et aveugle à la fois. Cette lumière qui rend invisible le réel pour éclairer une autre réalité, la réalité de l'art, la réalité de la peinture." Lieven Van Den Abeele (Texte inédit )
