hosokawa

©fujimori takashi 

Au bord du ruisseau
Céramiques du Samouraï-Homme d’Etat Hokosawa Morihito.

bol à thé en grès Raku noir 
8,5 x 12 cm 2008
©fujimori takashi 

Etonnant destin d’un homme d’état, d’un premier ministre qui décide à soixante ans de quitter la politique et la vie mondaine pour se retirer dans un village isolé et se consacrer à l’art. Cette démarche singulière le rapproche des grands poètes chinois de l’époque des Tang.
Si l’artiste se consacre principalement depuis dix ans à la céramique, il s’applique aussi à la peinture. Il présente ainsi au visiteur la calligraphie d’un poème de Bai Juyi évoquant un choix semblable au sien :

« Il est rare d’atteindre les soixante dix printemps
Pourtant j’ai la chance d’avoir dépassé cet âge vénérable
Me voici au terme d’un long chemin
De mes rêves de printemps, je suis revenu
De mes activités quotidiennes, je n’ai plus rien à dire
Des hommes, je n’ai que faire (…)
J’ai délaissé les choses
Pour ne garder que l’ambroisie et la poésie. »

Jarre déformée en grès Shigaraki 
20,4 x 37,4 x 41 cm 
2006
©fujimori takashi 

Hokosawa Morihito appartient au clan Hokosawa, lignée qui a entretenu depuis sept siècles des liens importants avec le monde des arts. Cependant, ce n’est qu’à l’âge de la retraite qu’il s’est initié aux techniques traditionnelles de divers artisanats japonais, pour atteindre en quelques années un niveau très exigeant dans le domaine de la céramique. S’il s’inspire des diverses traditions du grès japonais (styles Raku, Shigaraki, Shino, Kôrai, etc.), modelant des bols à thé d’une grande sobriété et d’une pureté extrême, d’un noir profond ou d’un blanc écaillé, en « peau de requin », l’artiste s’adonne également à une création moins « utilitaire », offrant au hasard, à l’accident, un rôle important, comme dans le cas de cette jarre déformée, dont la blessure s’est agrandie dans le four.

Homme d’une grande simplicité, le Maître nous a invités à une cérémonie du thé. Goûter à l’amertume de ce breuvage mousseux dans un de ses bols rugueux parsemé de taches rouges - souvenir de momiji, des feuilles rousses tombées sur un sol d’automne - a été un moment rare.

Anguéliki Garidis