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Vera Molnar
Manfred Mohr

Situer Véra Molnar et Manfred Mohr, c'est les faire rejoindre la lignée des artistes qui, depuis le début du siècle, ont dégagé la peinture de l'anecdote et de l'introspection, car celle-ci avait souvent jusqu'à présent un rôle thérapeutique alternant entre provocation et soumission à une obsession. Il serait plus évident d'être artiste a priori qu'a posteriori, la perte des repères sociaux ou rationnels étant des chemins permettant d'être reconnu comme &laqno;artistiquement correct» En effet, Malevitch, Lissitzky, Mondrian, Moholy Nagy Herbin, Kelly, Dewasne, Vasarely, entre autres, ont oeuvré à élargir le champ de la vision créant des émotions plastiques au lieu de les subir. La maîtrise d'une expérience était destinée à en ouvrir une autre, et ils pouvaient oins prétendre au statut de chercheur.

( gauche )Véra Molnar "14 x 14 CARRES", 1983 - encre / calque, 24 x 24 cm.
( droite ) Manfred Mohr, 1988, encre / papier, 60 x 60 cm.


Dans la conception de tout un chacun, ne plus regarder en arrière était un sacrilège. L'utilisation d'un appareil photographique qui fixe l'instant, et à plus forte raison celle d'un ordinateur qui offre l'utopie, frise l'apostasie. Cette déduction semble très profane, alors que l'oeuvre de l'esprit par définition doit s'affranchir des moyens pour arriver à ses fins. Ni le pinceau ni l'ordinateur pas plus que la prosodie ou le solfège ne détermine la qualité intrinsèque de l'auteur.

Véra Molnar et Manfred Mohr sont ces aventuriers qui collaborent avec l'image qui investit l'écran. Ils manipulent l'histoire d'une forme programmée dans un incessant va et vient entre le connu et l'inconnu, entre le fini et l'infini. La créativité n'est plus subie, elle est le fruit d'une interrogation sur le devenir. Elle a comme fonction et valeur de stimuler un profond désir, de trouver des paradigmes se renouvelant indéfiniment, corroborant Goethe: &laqno;le meilleur de l'homme

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