Entre l'école allemande et l'école française du paysage, Gilbert Fastenaekens, photographe belge, est depuis longtemps un des tenants du « style documentaire », à mi-chemin entre la reproduction modeste du réel et la ré-appropriation artistique qu'elle induit. Reconnu très tôt pour ses Nuits (1980-1987), paysages urbains nocturnes en rupture avec le photo-reportage omniprésent de l'époque, il participe à la mission photographique de la Datar sur l'aménagement du territoire en France et obtient le prix Kodak de la critique photographique en 1986. Par la suite, à travers plusieurs commandes sur la
notion du territoire, il poursuit une observation assidue de
la ville et du paysage, détachée de l'anecdotique
et du sentimentalisme facile. Bien que photographe s'appuyant résolument sur un langage radical voire ascétique, totalement éloigné d'un quelconque effet pictorialiste, on ressent ici que Gilbert Fastenaekens est moins intéressé par les lieux eux-mêmes que par l'expérience visuelle, voire sensuelle, qu'ils procurent. Et, à l'instar du peintre ou du sculpteur, il procède bien ainsi à une transformation du sujet au profit de ce qu'on pourrait nommer émotion ou sensation photographique. |