[ Galerie Isabelle Bongard ]



 Jean Clavier-Célérier



LA SAISON DE L'AMOUR

 

Remarqué lors de l'exposition collective "Reviens je t'aime" qui s'est tenue à
la galerie en septembre 1995, Jean Clavier-Célérier propose aujourd'hui "La
saison de l'amour", suite de paysages composés de plusieurs toiles de très
petit format sur lesquelles la photographie et la peinture, via la photocopie
couleur, laissent doucement transpirer des souvenirs de lieux et de présences,
autant de séquences, d'impressions du temps.



toile de la série " Une plage au Portugal ", 1996
faisant partie d'un ensemble de 12 pièces de 24 x 19 cm


L'image photographique a toujours precédé, chez Jean Clavier-Célérier, le geste
du peintre. Dans les séries antérieures, sa fascination pour les cartes postales
recoloriees l'a amené à utiliser la carte postale comme matériau-image-
support. Reproduite, agrandie, recoloriée, marouflée sur toile, repeinte, en
d'autres termes détournée, la carte postale vient apporter une image de rêve
dont la banalité est tellement exacerbée, revue et corrigée, en d'autres mots
critiquée, qu'elle en devient exotique, amusante, déroutante.

"La saison de l'amour" se construit également à partir d'images
photographiques reportées sur toile puis agencées en installations murales. La
seule différence, est que ces images ne sont plus celles, anonymes, reçues par
la poste, provenant soit du tourniquet de la buvette des chutes du Niagara,
soit de la dernière épicerie avant Bijou-Plage. Les images de "La Saison de
l'amour" sont celles que Jean a vues il y a une dizaine d'années à travers son
appareil-photo et dont il a exhumé dernièrement les rouleaux-contacts.

Mangées par l'humidité, surimpressionnées par le travail du temps, ces images
au bord de l'effacement dont les négatifs ont été perdus se sont imposées
comme support de son travail sur toile. La distanciation provoquée par
l'altération du papier ainsi que par le temps écoulé entre la prise de vue et la
découverte de ces photos a sans doute permis cette démarche, inédite dans
l'oeuvre de Jean Clavier-Célérier. Ces images photographiques, dont la fixité
est balayée par l'apposition d'éléments de peinture, évoquent la quiétude du
temps qui passe, qui est passe.

Séquentielles, les prises de vues de plages, forêts, intérieurs ouverts sur le
dehors, sont des enregistrements presque méthodiques, linéaires, de lieux à
forte charge émotionnelle, de lieux d'amour. Des amoureux, nulle présence
évidente, ostentatoire. A peine une ombre, un tremblement d'air, quelques
traces ... Peu importe. Jean Clavier-Célérier ne cherche pas à nous raconter
des histoires d'amour. Il nous donne le cadre, les séquences et les
bruissements d'un éternel discours amoureux. "La saison de l'amour" déploie
des couleurs tendres et silencieuses,lumineuses, des indices de récits à
murmurer d'un souffle.

I.B

 

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