LE TERRITOIRE ONLINE
par Annick BUREAUD
Le "Territoire du Métre Carré" mettait en exergue
les signes de pouvoir :téléphone rouge,salle des télécommandes,
gardiens eléctroniques, salle des communications, etc... Le "
Territoire en ligne" introduit une méta-communication, des méta-signes
dans l'espace immatériel et symbolique des réseaux.
Avec le " Territoire en ligne", Fred Forest passe de l'Art de
la communication à l'Art des Réseaux. Cette denière
pratique a deux directions essentielles : la "webitude" ( Webness
dans la définition du jury du Prix Ars Electronica) qui repose sur
les hyper-liens crées ou mis en oeuvre par des artistes au sein du
World-Wide Web. La seconde, à aquelle appartint cette action est
la mise en valeur d'une communauté mondiale.
L'Art de la Communication visait à faire perceevoir au public le
maillage de la planéte par les nouvelles technologies de communication.
Avec l'Art de Réseau, il s'agit plutôt d'occuper un espace
où ce ne sont plus les humains qui voyagent mais les informations,
forme contemporaine de nomadisme; où les individus ne se "déplacent"
plus sur le territoire mais "deviennent" ce territoire. A la métaphore
gibsonnienne de la matrice mathématique dans laquelle on navigue,
se substitue celle d'un ensemble sans forme,sans fin,en constante évolution,qui
se reconfigure au gré des appels des individus connectés à
un moment donné, espace différent selon les personnes et qui
n'existe, sous une forme donnée que dans l'espace physique (ordinateur,appartement,bur
eau,etc...)et mental (donc corporel) d'un individu donné à
un moment donné.
Le psychisme et le corps des êtres humains est le siège du
cyberspace. La peau n'est plus cette frontière hermétique
d'un corps intangible. Fred Forest l'a magistralement compris en proposant
à ses semblables d'envoyer, pour cette premiére action, un
morceau symbolique d'eux-mêmes, le pied. Chacun pourra envoyeer l'empreinte
de son pied et devenir ainsi membre de cette communauté mondiale
en train de se construire.
Le choix de cette partiee du corps par Fred Forest n'est pas innocent.Par
delà l'aspect trivial et humoristique de la chose, le premier pas
reléve de l'essence de l'humanité : l'empreinte du pied d'Armstrong.