L’univers
épuré
de Fabienne Verdier
Ligne-espace-temps 2008 Courtesy Galerie Jaeger Bucher.
Découvrir
l’œuvre de Fabienne Verdier invite à la
contemplation. Le visiteur est accueilli par un monde en fusion,
immobilisé dans son jaillissement. Des formes, des lignes
surgissent,
analogues à des rythmes musicaux : cercles parfaits
inachevés,
suspendus dans leur mouvement, fragments de signes nés d’un
équilibre
intime entre le contrôle, la maîtrise du geste et le
hasard,
l’accident, éclaboussures ouvrant la voie à d’autres
univers, à une
autre profondeur de la toile.
L’artiste s’inspire du vivant, source de joie et de méditation, pour créer de nouveaux paysages. Si la branche bourgeonne encore, la montagne n’est plus qu’un signe de sa présence, paysage intérieur traduit sur la toile, abstraction pure. Le flux du pinceau, l’épaisseur de l’encre créent les reliefs, les plissements de ce monde nouveau qui se déploie devant nos yeux. Nourrie de culture chinoise et occidentale, formée par des maîtres de la calligraphie, Fabienne Verdier dépasse son apprentissage, fait d’ascèse et de labeur acharné - évoqué dans La Passagère du silence – pour créer une œuvre singulière. Les toiles monumentales, les polyptiques inégaux qui fragmentent les lignes, leur donnant un autre souffle, s’éloignent du support traditionnel de la calligraphie chinoise, papier aux dimensions réduites, pour rejoindre dans la peinture occidentale (des tableaux aux sujets religieux – certaines œuvres se présentent d’ailleurs comme des hommages aux maîtres primitifs flamands – à la peinture américaine contemporaine, celle de Jackson Pollock ou de Barnett Newman). Si l’encre de chine inscrit les œuvres de Fabienne Verdier dans la tradition orientale, le pinceau géant - invention de l’artiste qui le déplace à la verticale, à l’aide d’un système de suspension, sur la toile posée sur le sol - transcende cette tradition pour accéder à une singularité empreinte d’universel. A travers l’ascèse et l’effort quotidien, Fabienne Verdier atteint des formes épurées, à l’image de son épanouissement personnel, imprégné de l’esprit du bouddhisme Chan et des mystiques orientaux et occidentaux. Du dépassement de la calligraphie nait le trait dépouillé de toute signification, signifiant pur vibrant de cette énergie concentrée transmise de l’artiste à la toile et de la toile au visiteur ébloui.
Anguéliki GARIDIS
Sources : Fabienne Verdier, Passagère du silence. Dix ans d’initiation en Chine, Albin Michel, 2003. Charles Juliet, Entretien avec Fabienne Verdier, Albin Michel, 2007. Site Internet : http://www.fabienneverdier.com/ Expositions en cours : A la galerie Jaeger Bucher, 5 rue de Saintonge, Paris, jusqu’au 9 janvier 2010. Au Centre Pompidou, participation à l’exposition collective www.elles@pompidou jusqu’au 24 mai 2010. |